
Édito de Juin : Printemps sous surveillance, entre hausses, incertitudes et éclaircies
Le mois de mai a confirmé la tendance saisonnière haussière des prix du porc, notamment en Europe et aux États-Unis, portée par une offre limitée et une demande accrue à l’approche de l’été. Toutefois, la consommation reste timide, particulièrement en Europe. Si la filière bénéficie d’un allègement des incertitudes réglementaires (sur l’étiquetage en Allemagne et l’enquête chinoise prolongée), la volatilité de la demande internationale appelle à la prudence. Malgré tout, la rentabilité s’améliore pour les éleveurs, notamment grâce à une baisse des coûts de production liée au recul des prix des céréales.
Marché des matières premières et de l’alimentation animale
Les prix des principales céréales (blé, orge, maïs) poursuivent leur repli en mai, portés par des conditions météorologiques globalement favorables et un rapport USDA rassurant. Le colza chute également, influencé par la baisse du pétrole et de l’huile de soja.
Marges sur coût alimentaire en élevage
La marge brute des naisseurs-engraisseurs progresse légèrement en mai (+2 %) et atteint 1 805 € par truie et par an, grâce à une hausse modérée du prix perçu. Pour les post-sevreurs engraisseurs, la marge s’élève à 45,2 € par porcelet entré.
Marché du porc
Le mois de mai a été marqué par l’envolée spectaculaire du prix danois, avec +11,7 % en un mois, conséquence d’un rééquilibrage entre prix hebdomadaire et bonus annuel. Dans le reste de l’Europe, les hausses se poursuivent mais ralentissent : Allemagne (+4,6 %), Pays-Bas (+2,4 %), Espagne (+0,9 %) et France (+0,6 %).
À l’international :
États-Unis : forte progression des cours (+5,1 %) grâce à une demande intérieure solide.
Chine : recul saisonnier de la consommation, baisse de 1,3 %.
Brésil : stagnation du marché intérieur mais hausse de compétitivité à l’export grâce à la hausse du real (+2,5 % en euro).
Marché des pièces de découpe - Les dynamiques restent hétérogènes selon les pays :
France : hausse globale (+2,8 %) tirée par les longes, épaules et poitrines. Le jambon reste plus stable (+1,3 %).
Espagne : stabilité des prix tout au long du mois.
Allemagne : forte volatilité, avec une flambée des poitrines (+6,3 %), longes (+4,3 %) et épaules (+3,7 %) malgré les tentatives de modération des abatteurs.
Les prix contenus du porc ont permis de limiter les hausses pour les salaisonniers français.
Commerce international
La prolongation de l’enquête anti-dumping chinoise de six mois éloigne la menace de nouvelles barrières, offrant un répit aux exportateurs européens. Aux États-Unis, la reprise des ventes de porcelets soutient les perspectives de croissance jusqu’en 2026, tandis qu’au Brésil, la baisse des coûts et la demande soutenue confortent la dynamique haussière.
Enjeux économiques : biocarburants américains à un tournant
Un front commun entre industriels du pétrole et des biocarburants s’est formé pour demander une hausse des obligations d’incorporation de biodiesel dès 2026. Cette mesure favoriserait les filières agricoles (maïs, soja), en perte de vitesse à l’export. Elle vise aussi à contenir les prix du carburant et à contrer la montée des véhicules électriques. L’incertitude demeure, mais cette évolution réglementaire serait stratégique pour l’agriculture américaine.