Café thématique : « Marque employeur des coopératives agricoles : comment être attractif ? »

Mis à jour le 19/04/2024
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Comment attirer des salariés en coopératives agricoles ? Faut-il valoriser le statut ? Quelles actions mettre en œuvre pour faire adhérer les salariés au modèle ? Autant de questions qui ont pu être abordées lors du temps d’échanges qui s’est déroulé le 28 février sur le stand de La Coopération Agricole au SIA en partenariat avec l’Isara et la Chaire de recherche sur la valorisation des modèles coopératifs et mutualistes de l’Université Lyon 3.

Chloé GUILLOT-SOULEZ, enseignant-chercheur en gestion des ressources humaines membre de cette Chaire, a animé les échanges avec Alix DE CHALLEMAISON, Talent Acquisition Manager chez Sodiaal et Benjamin LATTE, secrétaire général du groupe Oxyane.

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D’un point de vue ressources humaines, le concept de marque employeur est défini comme les avantages associés au fait de travailler pour une organisation. Les enjeux sont à la fois d’attirer des candidats, de fidéliser les salariés et de susciter leur engagement au sein de l’entreprise.
Comme les autres entreprises, les coopératives agricoles sont confrontées à ces enjeux et peuvent se demander si et comment valoriser leur statut coopératif dans leur marque employeur.

Les échanges entre nos intervenants confirment l’intérêt de valoriser le statut quand les coopératives agricoles se présentent en tant qu’employeurs.

A travers ses travaux, Chloé GUILLOT-SOULEZ identifie que les entreprises coopératives disposent, en tant qu’employeurs, de trois grandes catégories d’atouts :
• Leur philosophie d’entreprise spécifique du fait des valeurs portées par l’entreprise, du modèle coopératif lui-même et de la gouvernance associée à ce statut ;
• Leur philosophie commerciale particulière avec l’écoute des besoins des membres, l’aide apportée aux membres, l’adoption d’une perspective de long terme et la recherche de performance durable ;
• Leur philosophie RH différente caractérisée par des relations de proximité à l’intérieur de l’entreprise et des pratiques RH en cohérence avec les valeurs portées par l’entreprise (dimension collective, entraide, proximité, ancrage territorial…).

Alix DE CHALLEMAISON et Benjamin LATTE ont confirmé que ces dimensions méritaient effectivement d’être valorisées auprès des salariés qui rejoignent leurs coopératives.
Pour autant, ils constatent une méconnaissance générale du modèle coopératif avant l’embauche. Ainsi, il est nécessaire de former les collaborateurs au modèle, de communiquer régulièrement en interne sur le modèle et de développer des actions pour permettre aux salariés d’échanger avec les membres de la coopérative (agriculteurs et éleveurs) : visite de fermes, visites d’usines, rencontres à l’occasion du Salon de l’Agriculture… Alix DE CHALLEMAISON rappelle que Sodiaal a décidé, en 2022, d’ouvrir le capital à ses salariés afin que ces derniers puissent s’impliquer dans la gouvernance aux côtés des éleveurs. Près d’un salarié sur quatre a acquis des parts sociales de la coopérative et les salariés sont désormais représentés au Conseil d’Administration.

Benjamin Latte a également souligné l’intérêt de valoriser la dimension coopérative en tant que socle commun même si, chez Oxyane, la marque employeur n’est pas nécessairement homogène du fait de différences entre la maison mère et les filiales, de la présence de l’entreprise à la fois en milieu urbain et en milieu rural, du rattachement de l’entreprise à différentes conventions collectives, éléments qui complexifient la marque employeur de l’entreprise. Il alerte également sur le fait que, pour fidéliser, valoriser la dimension coopérative ne suffit pas, il faut aussi proposer de bonnes conditions de travail et une politique RH attractive, en cohérence avec les attentes actuelles des salariés.

Alors que beaucoup d’individus s’interrogent sur le sens associé à leur travail, les coopératives disposent indéniablement d’atouts grâce à leur modèle original qui les poussent à trouver les moyens de concilier leurs objectifs à la fois économiques et sociaux à condition de le faire savoir et de faire vivre le modèle aussi bien en interne qu’en externe.

Chloé GUILLOT-SOULEZ - Annie GIACOMETTI