Agroécologie

VALORISER LE BIO EN COLLECTIF

Mis à jour le 29/08/2024
SICAGIEB
Coopérative
Solutions coopératives

Sicagieb est une société d'intérêt collectif agricole (Sica) créée en 1972 pour rassembler dix groupements d'intérêt économique (GIE) d'éleveurs de bovins viande dans le Bourbonnais. Son territoire s'étend sur le département de l'Allier et les cantons limitrophes. Elle commercialise les broutards issus des troupeaux allaitants, principalement à l'export pour l'engraissement, mais aussi des animaux de boucherie auprès de quatre abattoirs locaux en particulier. Suite aux premières conversions d'éleveurs en agriculture biologique au début des années 2000, l'organisation de producteurs commence à collecter de petits volumes de bovins bio. « Au démarrage, les animaux bio étaient assez hétérogènes du point de vue des races, des poids et des conformations, indique le directeur Jean-Michel Aucouturier. Cela rendait la commercialisation compliquée. »
En 2010, après une rencontre avec Unébio, société commerciale commune appartenant à plusieurs organisations régionales d'éleveurs bio, Sicagieb intègre l'Union bio (l'un des six actionnaires d'Unébio) regroupant au total sept coopératives bovines et ovines dans le Limousin et en Auvergne. Unébio commercialise 7 500 tonnes de viande bio par an dont 25 000 bovins, 2 000 veaux, 15 000 agneaux, 10 000 porcs et 500 000 volailles.

Nouvelle méthode de travail
« Entrer dans l'Union bio nous a permis de disposer d'informations techniques et économiques, de nous structurer, de développer et valoriser notre production
bio, et de participer aux décisions quant aux orientations de l'union régionale, résume Jean-Michel Aucouturier. Nous sommes passés de 100 bovins bio en
2010 à plus de 500 aujourd'hui chez 35 adhérents. Cela reste un petit volume, mais nous bénéficions désormais d'une grille de valorisation stable sur l'année
contrairement aux prix très variables de la production conventionnelle. » Selon le directeur de Sicagieb, ce qui fait la force du système d'Unébio et de ses actionnaires régionaux est l'anticipation des données du marché. Avec l'aide des techniciens de terrain, la période de sortie des bovins est planifiée, et la contractualisation avec Unébio est réalisée jusqu'à six mois à l'avance via l'extranet. C'est ainsi qu'Unébio dispose d'une visibilité des sorties d'animaux
pour chaque semaine. « Il peut arriver qu'une partie de la production bio soit dégagée en filière conventionnelle lors d'une période de fortes sorties d'animaux,
mais elle est néanmoins valorisée au prix bio pour les producteurs grâce à une caisse de péréquation à l'échelle d'Unébio. Avec la production bio, nous avons
en fait adopté une nouvelle méthode de travail, et seul ce système permet à un marché de niche de bien fonctionner. »

Plus-value dès la conversion
Sicagieb a spécialisé l'un de ses cinq techniciens pour le suivi des producteurs bio. Via l'organisation de journées techniques accompagnées de suivis individuels,
des progrès ont été réalisés au niveau de la finition des animaux, de leur poids et de leur qualité. La production est désormais moins hétérogène. « Nous vendons principalement des vaches de réforme, transformées à 70 % en viande hachée. Il nous reste une problématique importante à travailler : la valorisation des mâles via l'engraissement local, car les broutards bio sont actuellement vendus à l'export au prix du conventionnel. L'élevage de veaux de boucherie est compliqué ; l'autre solution est la production de boeufs jeunes avec des poids de carcasse limités à 450 kg. » La différence de prix payée en bio s'élevant de +25 à +35 %, de plus en plus d'éleveurs de Sicagieb s'interrogent sur la conversion. « Jusqu'à présent, il était difficile de recenser ces éleveurs en conversion. Un autre intérêt de l'Union bio est de leur proposer une plus-value supérieure dès la période de conversion afin de les intégrer au plus tôt. Pour que la filière bio perdure, il est nécessaire d'anticiper les besoins, d'organiser la production, et il faudra à un moment maîtriser les conversions. L'attribution d'aides pour la conversion des surfaces n'est pas souhaitable si la valorisation en bio des produits de l'exploitation n'est pas assurée. »

 

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