Biodiversité

UN OUTIL POUR L'AUTODIAGNOSTIC DU MILIEU

Mis à jour le 29/08/2024
CAVE COOPERATIVE LES VIGNERONS D'ALIGNAN DU VENT
Coopérative
Solutions coopératives

BIODIV'EAU® : OUTIL D'AUTODIAGNOSTIC QUANTITATIF ET QUALITATIF DU MILIEU NATUREL
Depuis 10 ans, les vignerons des deux coopératives de l'Hérault, Alignan du Vent-Neffies et les Coteaux de Thongue et Peyne, utilisent un outil qu'ils ont eux-mêmes conçu pour améliorer les aménagements naturels des exploitations en faveur de la biodiversité. Cette méthode, ayant fait ses preuves, est développée dans le Gard et d'autres territoires.

Pourquoi et comment votre coopérative s'est-elle impliquée dans le projet ?
Depuis dix ans notre groupe de vignerons a développé un véritable intérêt pour le milieu et la vie qui nous entourent. Notre première démarche a été de nous former grâce au CEN (conservatoire d'espaces naturels) pour savoir observer autrement les mares, les fleurs, etc., et la cane peutière, une espèce d'outarde caractéristique de notre région. Nous avons ensuite mis au point un protocole précis d'observation pour établir un inventaire « au point 0 » et bâtir une cartographie des ressources favorables à la biodiversité sur chaque exploitation : l'outil Biodiv'Eau®. Chaque haie est étudiée, ainsi que l'âge et les variétés des arbres qui la composent, ce qui donne une valeur à la haie. Pour les bandes enherbées, même méthode : nous regardons de près les espèces présentes, si elles sont autochtones ou si elles ont été semées artificiellement. Nous avons réalisé par exemple que la large présence de roseaux n'est pas naturelle dans la région. Alors que le tamaris, lui méconnu, fait partie de la biodiversité originaire. Biodiv'Eau® consiste donc à créer une cartographie qui localise et qui note l'état des éléments d'aménagement de l'espace naturel. À partir de là, des actions amélioratives sont mises en place sur chaque exploitation : enherbement des tournières, désherbage mécanique, pas de labour systématique, couper ou non les arbres morts, tondre ou non les bandes enherbées… de préférence une fois par an pour offrir un habitat aux petits animaux et laisser pousser les plantes qui ont besoin de temps. Les orchidées sauvages par exemple « réapparaissent » largement depuis quelques années. Le fait d'implanter des haies, de creuser des mares (là où elles peuvent se remplir), de planter des arbres isolés pour permettre à la cane peutière d'avoir des points d'observation en hauteur fait que cette petite outarde est de nouveau courante dans notre campagne. Créer un milieu favorable à la biodiversité, oui : mais dans la logique de la nature, en privilégiant les espèces originaires du territoire.

Que représente Biodiv'Eau® aujourd'hui ?
Cette initiative a fait boule de neige. Aujourd'hui 30 % de la superficie des coteaux de Thongue est recensée. Après plusieurs sessions de formation, environ 70 vignerons ont validé le diagnostic et 60 ont mis en place des actions précises. Notre action va également dans le sens de ce qui est demandé par l'Agence de l'eau. Du fait du problème de pollution de la Thongue, notre territoire est classé en zone prioritaire. Ce statut nous donne accès à des ressources importantes : nous avons pu obtenir des MAE régionales et spécifiques à hauteur de 400 000 €. Une animatrice a été embauchée par la chambre d'agriculture de l'Hérault, avec
le financement de plusieurs partenaires, et mise à la disposition du territoire des Coteaux de Thongue pour entretenir la dynamique. Malgré tout, cette démarche n'a pas d'intérêt économique. Nos acheteurs, les négociants, apprécient l'initiative mais ne sont pas enclins à augmenter le prix d'achat. Elle vaut plutôt
pour le plaisir des vignerons, pour la satisfaction de voir que les choses changent et d'avoir créé un mouvement motivé. C'est en revanche un bon point de dialogue avec les particuliers. Nous montrons que la force du vignoble de Thongue est la diversité : des vins, des gens… et la biodiversité.
En 2015, l'outil Biodiv'Eau® a été sélectionné comme diagnostic possible pour la contractualisation de MAEC. La démarche s'est exportée dans le Gard. D'autres régions nous ont sollicités pour développer l'outil sur leur territoire.