TRANSITION ÉNERGÉTIQUE DE LA FILIÈRE


Lorsque les travaux débutent, le constat s’impose : les outils industriels ont été très bien réfléchis par les anciens et c’est sur les chantiers de fauche et de récolte que se situe le premier enjeu : il s’agit d’amener moins d’eau à l’entrée de l’usine tout en préservant les qualités nutritives du produit, c’est-à-dire sans allonger le temps de récolte au champ. Une solution émerge alors, venue du Sud : préfaner à plat pour maximiser la surface d’échange entre le fourrage fraîchement fauché et le bon air des champs. Le taux d’humidité des fourrages en entrée d’usine est sensiblement diminué, ce qui génère des économies d’énergie considérables ! En substituant progressivement le charbon par de la biomasse pour la production de chaleur, ce procédé va faire évoluer la conduite des lignes à mesure qu’il va être déployé.
S’impose alors un nouveau défi : celui de généraliser la mise en place d’injecteurs de biomasse dans les générateurs et de substituer plus massivement les énergies fossiles par des plaquettes de bois issues d’autres activités ou de chantiers d’exploitation forestiers. C’est l’avènement de l’économie circulaire, fer de lance de la filière ; c’est aussi celui d’une collaboration précieuse entre l’État, ses agences et la filière. En effet, en quelques années, l’Ademe va financer la plupart de ces transformations sur fonds chaleur, puis dédiés à l’exploitation de la biomasse dans l’industrie.
À ce jour, les efforts réalisés se traduisent par une réduction de plus de 80 % des émissions nettes de CO2 (données 2021, base 2005) et la prospective filière baptisée Luzerne 2026 fixe un cap à plus de 90 %. La filière compte également sur la diversification des solutions technologiques. Depuis 2017, Déshyouest, sur son site de Changé, utilise la chaleur produite par une unité de valorisation de combustibles solides de récupération pour présécher la luzerne à basse température. Autre exemple, opérationnel en 2023 : un partenariat entre Luzeal, l’unité de valorisation énergétique de la Veuve (51) et la ville de Châlons-en-Champagne (51) dans un projet de réseau de chaleur en construction sur le site de Recy (51). La chaleur du réseau sera utilisée pour sécher la luzerne à basse température. En combinant cela avec un sécheur à haute température alimenté par de la biomasse, l’objectif est de réduire de 20 % les émissions annuelles du site.
L’intérêt va être maintenant de valoriser l’ensemble de ces efforts au niveau des filières animales, l’alimentation étant un poste prépondérant du bilan environnemental des produits animaux.