Economie circulaire

RÉUTILISATION DE L'EAU POUR L'IRRIGATION

Mis à jour le 30/08/2024
Caves de Gruissan
Coopérative
Solutions coopératives

La Cave coopérative de Gruissan et ses quatre partenaires expérimentent un projet d'irrigation unique sur le territoire national pour utiliser à des fins agricoles des eaux résiduaires dépolluées. Les vignobles de Gruissan ne peuvent pas recevoir d'équipement d'irrigation du fait de leur situation au coeur d'un site protégé par le Conservatoire du littoral.
Le projet Irri-Alt'Eau est né de deux constats. D'une part, l'alimentation en eau devient stratégique pour maintenir la compétitivité de l'activité viticole face au déficit hydrique constaté depuis dix ans. D'autre part, la station de Narbonne-plage et Gruissan rejette chaque jour à la mer des dizaines de mètres cubes d'eau épurée. Ce projet consiste à réutiliser l'eau de la station en complétant le processus existant d'épuration par un traitement tertiaire spécialement conçu pour cet
usage, permettant ainsi de garantir la qualité requise pour l'irrigation. Cette eau résiduaire dépolluée devient ainsi une ressource alternative à une eau d'irrigation que les viticulteurs ne sont pas autorisés à prélever dans le milieu naturel. Frédéric Vrinat, directeur de la Cave de Gruissan, explique : «Cette seconde utilisation de l'eau est déjà courante en Espagne et en Israël. En France, ce procédé n'est pas encadré. Le but est d'être en avance sur la réglementation très évolutive de l'eau car c'est un projet à long terme. Nous étudions donc plus d'une trentaine de paramètres et parvenons à obtenir un bon niveau de traitement tertiaire (eau obtenue
de qualité B).»
Les trois volets du développement durable sont vérifiés par plusieurs études, notamment d'acceptabilité sociale : «En termes d'écologie nous sommes plus pertinents que tout ce qui se fait actuellement : l'eau sert plusieurs fois et lorsqu'elle est rejetée dans le milieu naturel, elle est plus propre que ce que demande la réglementation. Pourtant, on sent qu'il peut y avoir des réticences sur la notion de ‘recyclage de l'eau'. Il faut mesurer les perceptions sociétales pour les faire évoluer, si nécessaire, par un effort de pédagogie et de communication. Car il est indispensable pour les producteurs de s'assurer que cette nouvelle pratique ne sera pas refusée par les consommateurs et que leur production gardera toute sa valeur.» Le projet, né en 2010, est aujourd'hui suivi par un observatoire qui accompagne le protocole de démonstration et qui capitalise sur le programme de recherches. En 2019, le procédé sera testé à l'échelle industrielle sur 80 ha.
L'objectif est d'irriguer 300 hectares de vignoble d'ici 5 ans. Ce procédé pourrait être étendu à d'autres cultures.

 

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