Agroécologie

RÉDUIRE LES PESTICIDES COLLECTIVEMENT

Mis à jour le 23/07/2024
EMC2
Coopérative
EMC2

Quatorze groupes 30 000 mettent en pratique la réduction des pesticides
En Lorraine, le climat semi-continental et le gel tardif limitent la présence des cultures de printemps. La région est spécialisée dans la rotation des cultures d'hiver, en particulier le colza, le blé et l'orge, sur trois voire deux années. 80 % des adhérents de la coopérative EMC2 sont polyculteurséleveurs, bien que les productions animales soient en recul ainsi que la place des prairies. La pression croissante des ravageurs et le développement de résistances chez les adventices rendent plus difficile la réussite de certaines cultures, notamment le colza. « Nous travaillons depuis toujours sur l'optimisation des intrants pour des raisons économiques, témoigne Mathias Sexe. La problématique environnementale et la pression sociétale sont montées progressivement, et c'est avec le Grenelle de l'environnement
en 2007 que nous avons eu un réel déclic. Il nous fallait contribuer à Ecophyto, et donc faire évoluer notre manière de produire et d'expérimenter : nous avons donc construit un plan agriculture durable. »

Deux GIEE agroécologie
En 2010, la coopérative met en place une expérimentation « Ecophyto système » baptisée Gaïa. L'idée est de tester trois systèmes de cultures (un hectare par système) basés sur des rotations longues et la réduction de 50 % des traitements phytosanitaires. Les mesures et observations sont analysées à l'aide du logiciel Systerre d'Arvalis incluant notamment la performance énergétique et les émissions de gaz à effet de serre. En parallèle, deux groupes Dephy Ecophyto, soit une trentaine d'agriculteurs, sont constitués sur demande des adhérents. EMC2 renforce également son réseau de surveillance du territoire destiné à traiter à bon escient en fonction des observations de ravageurs et maladies. Et elle sollicite chaque année plusieurs agriculteurs (réseau EMC2-Équilibre) afin de tester en grandes parcelles des pratiques alternatives (plantes compagnes, désherbage mécanique, etc.).
En 2017, les adhérents d'EMC2 saisissent l'opportunité des groupements d'intérêt économique et environnemental (GIEE) pour créer deux nouveaux groupes de progrès orientés vers l'agroécologie. Le premier s'appuie sur l'agriculture de précision. Cinq des 19 agriculteurs sont équipés d'autoguidage par GPS, une technique facilitant notamment le binage du maïs et du colza pour remplacer les herbicides. Par ailleurs, des outils capables de moduler les apports d'azote en fonction du potentiel du sol à l'intérieur des parcelles sont employés sur blé et colza. Le second GIEE de douze agriculteurs cherche en priorité à allonger la rotation avec des cultures en filières telles que le chanvre ou le lin oléagineux Bleu Blanc Coeur, et à tester différents couverts végétaux. Ils travaillent aussi sur la modulation
des intrants, le biocontrôle et le désherbage mécanique.

Résultats économiques plus aléatoires
Les groupes Dephy Ecophyto et GIEE agroécologie font vite tache d'huile en donnant naissance en 2018 à quatorze groupes 30 000 baptisés
AgilEMC2 regroupant 200 adhérents. « Ces groupes sont plus concentrés du point de vue géographique. Les exploitations sont plus proches au niveau pédoclimatique et peuvent partager davantage. Leur objectif est de mettre en pratique les leviers identifiés dans les groupes Dephy les plus adaptés à leur situation, tout en maintenant leur rentabilité. L'animateur de chaque groupe est le conseiller de proximité habituel qui se forme en même temps qu'eux et les accompagne de façon individuelle. » Dans les groupes AgilEMC2, la coopérative suit plusieurs indicateurs : le grammage de pesticides à l'hectare, la diversité des cultures, la performance économique, mais aussi des notions plus qualitatives telles que la satisfaction des agriculteurs. « L'expérimentation Gaïa montre qu'il est
possible d'atteindre une qualité correcte en cultures de printemps mais que les résultats économiques sont plus aléatoires. Néanmoins, elles sont indispensables pour réduire la pression des parasites, et l'on voit de moins en moins de rotations sur deux ans. »