QUANTIFIER LE CO2 ÉVITÉ


« Réduire les gaz à effet de serre est une action forte de notre politique de RSE. »
Terrena a commencé à s'intéresser à la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le cadre de sa stratégie d'Agriculture Écologiquement Intensive (AEI). Les élevages bovins étant notamment montrés du doigt pour leurs rejets de méthane, elle décide de s'appuyer sur les travaux de l'association Bleu-Blanc-Coeur. Celle-ci propose au début des années 2010 la démarche Eco-méthane permettant de réduire les émissions en adaptant l'alimentation des animaux. Reconnue par le ministère de l'Écologie et les Nations Unies, cette méthode mesure le CH4 évité via l'analyse des acides gras du lait. « Eco-méthane fut la première pierre à partir de laquelle nous avons développé une série d'actions pour réduire les gaz à effet de serre, raconte Yves Riette, responsable marketing. En s'appuyant sur l'étude Climat et agriculture publiée en 2013 par l'Inrae, nous avons identifié des pistes très concrètes. Pour être crédible, il nous semblait indispensable de proposer des actions validées par l'Ademe après avis de l'Inrae. »
Des tonnes d'émissions évitées
La coopérative imagine alors le dispositif AgriCO2 regroupant en 2014 quatre pratiques agricoles efficaces pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Progressivement, AgriCO2 atteint neuf actions. Elles concernent les rotations (implantation de légumineuses à graines, lin oléagineux, luzerne, couverts de longue durée), l'élevage (haies sur les parcours de volailles label, adaptation des apports de protéines aux porcs par une alimentation triphase, ration des vaches laitières), mais aussi la formation à l'écoconduite des tracteurs et la méthanisation.
Pour reconnaître l'évitement de gaz à effet de serre permis par ces bonnes pratiques adoptées par les adhérents, AgriCO2 relève chaque année le compteur des exploitations, et transforme les tonnes d'émissions évitées calculées en points permettant d'obtenir des remises sur des achats de produits ou services. « C'est une reconnaissance symbolique, pas une rémunération associée à une réduction des gaz à effet de serre par rapport à une référence, précise Sébastien Fourmond, ingénieur pour la filiale Terrena innovation. La démarche est volontaire et simple, nous voulions éviter une organisation trop lourde. »
Un bilan annuel est réalisé et communiqué au conseil d'administration de la coopérative via un comité de pilotage. « Chaque année, entre 2 500 et 3 200 adhérents s'engagent dans une ou plusieurs de ces actions, pour un total d'émissions évitées estimé entre 20 000 et 25 000 tonnes, indique Yves Riette. C'est une action forte de notre politique de RSE. »
Capter du financement
AgriCO2 est un moyen de montrer l'engagement des adhérents de la coopérative sur la voie de la réduction des gaz à effet de serre. C'est aussi une façon de se différencier. Ainsi, la plantation de haies sur les parcours de volailles label est une obligation inscrite au cahier des charges du groupement de producteurs Fermiers d'Ancenis. En 2015, la démarche AgriCO2 fut le fil rouge d'une vaste plate-forme technique proposée par la coopérative (Les Terrenales) et fut présentée à la COP 21 et au Pavillon France de l'Exposition universelle de Milan. Elle fut aussi un thème du stand au Salon de l'agriculture en 2019.
« Nous avons d'autres actions en réserve et réfléchissons actuellement à l'évolution du dispositif, confie Sébastien Fourmond. En six ans, il y a eu du nouveau comme le diagnostic CAP2ER et le label bas-carbone Carbon Agri. Ce dernier est une façon de capter du financement via les paiements pour services environnementaux. Nous sommes donc à un carrefour, sachant que les attentes sont fortes, à la fois chez nos adhérents et chez nos clients.