PRÉSERVER LE GRAND HAMSTER EN ALSACE

UNE CUMA EXPÉRIMENTALE POUR PRÉSERVER LE GRAND HAMSTER EN ALSACE
Pour protéger le grand hamster, petit habitant des cultures de blé et de cultures de printemps en Alsace, 15 agriculteurs se sont réunis en CUMA pour développer des techniques culturales bénéfiques à l'habitat du rongeur et performantes économiquement. Cette CUMA permet aux agriculteurs de concevoir et d'expérimenter eux-mêmes des solutions innovantes plutôt que d'aboutir à des contraintes réglementaires.

>> Dans quel contexte avez-vous créé la CUMA de la plaine ?
Les agriculteurs connaissent les hamsters depuis longtemps : il y a cinquante ans, ils étaient rémunérés pour les piéger. Mais la directive européenne pour la sauvegarde de l'habitat de la faune sauvage de 1992, puis une condamnation de la Cour de justice européenne en 2011 a obligé la France à prendre des dispositions pour compenser la destruction de l'habitat de ce rongeur qui apprécie ses sols profonds et la diversité des couverts offerts par une mosaïque de cultures : céréales à paille, luzerne, cultures spéciales, les cultures de printemps… En Alsace trois zones de protection stricte du grand hamster ont été mises en place pour contrôler l'urbanisation et inciter les agriculteurs à modifier leurs pratiques. Nous sommes 15 exploitants volontaires réunis depuis 2014 en CUMA, permettant la mise à disposition et l'investissement dans des matériels pour développer avec nos partenaires de nouvelles pratiques culturales non destructrice de l'habitat du hamster. Notre CUMA est en lien étroit avec le projet LIFE Alister, qui vise à rendre les cultures du blé, de la luzerne, du maïs plus favorables à la biodiversité : hamsters mais aussi petite faune et activité biologique des sols.

Quelles sont les activités de la CUMA ?
D'abord, toutes les techniques d'agriculture de conservation ou de travail simplifié du sol qui permettent d'implanter nos cultures de printemps en évitant au maximum de déstructurer le sol, tout en gardant un couvert d'hiver qui permet aux hamsters de ne pas être exposés à leurs prédateurs en sortie d'hibernation. De ce fait, nous utilisons strip-till (travail du sol en bandes), semis direct, houe rotative et herse étrille pour le désherbage mécanique. Les espèces de couverts végétaux d'interculture sont testées pour obtenir une couverture du sol la plus longue possible. Au-delà de la CUMA, 150 agriculteurs situés en zone de protection spéciale sont impliqués dans la seule MAE collective en France. Ils définissent ensemble leurs assolements, par groupes de 5 à 30, de manière à ce que les surfaces de blé et de luzerne (identifiées comme favorables au hamster) représentent au moins 24 % de la SAU du territoire, et soient réparties en tenant compte des terriers identifiés par l'ONCFS. Les services de l'État nous demandent sur certaines parcelles de laisser les blés sur pied, mais cette non-récolte de denrées alimentaires est déstabilisante pour nos concitoyens et pour nous, les agriculteurs.
Les comptages effectués deux fois par an par l'ONCFS montrent que le nombre de hamsters se stabilise depuis trois ans après une longue période de baisse. Mais L'espèce présente toujours un fort risque d'extinction.

Quels sont les bénéfices de ce projet ?
Nous préférons chercher nous-mêmes des pratiques innovantes qui permettront de répondre aux enjeux fixés par l'Europe, sans attendre que les contraintes arrivent par la voie réglementaire. La CUMA permet de progresser ensemble, car arrêter de labourer constitue une prise de risque ! Il reste à concilier ces pratiques « protectrices » de la biodiversité avec un équilibre économique et agronomique : les techniques de travail du sol simplifiées génèrent des économies (engrais, produits phytosanitaires, carburant, temps de travail), tout en améliorant l'activité microbiologique et la structure du sol. Notre groupe a obtenu le label GIEE en 2015. La CUMA de la plaine est petite mais observée de partout car ce modèle de CUMA-laboratoire permet de tester d'autres matériels, sur d'autres problématiques, notamment la lutte contre l'érosion.

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