Biodiversité

POURVOIR À L'ALIMENTATION DES ABEILLES

Mis à jour le 29/08/2024
Cavac
Coopérative
Solutions coopératives

La protection des insectes pollinisateurs est intégrée dans les activités de la CAVAC depuis de nombreuses années. Un groupe de quinze agriculteurs a développé les surfaces de jachères apicoles pour élargir l'offre alimentaire destinée aux abeilles, sans bouleverser leurs pratiques. L'initiative est reprise spontanément
par les adhérents et présentée dans les magasins de distribution grand public. Grâce aux jachères mellifères, les abeilles ont accès à une offre alimentaire sur toute la période de butinage, sans interruption.

>> Pourquoi et comment votre coopérative s'est-elle impliquée dans le projet ?
Pour notre activité de semences de colza, le travail avec les insectes pollinisateurs est indispensable. Depuis plusieurs années notre réseau d'apiculteurs nous aide à comprendre les impacts de nos pratiques culturales sur les populations d'abeilles et leurs besoins vitaux. Le problème majeur est la rupture d'alimentation en période de butinage : les abeilles sont actives de mars à octobre, mais nos cultures de colza et de tournesol ne sont fleuries respectivement qu'en avril et en juillet. L'offre alimentaire est donc limitée à certains moments. Nous avons imaginé une manière d'offrir des fleurs en continu, sans bouleverser nos rotations et nos
pratiques : les jachères mellifères.

>> Comment fonctionne ce projet et comment contribue-t-il à la préservation de la biodiversité ?
En 2012, nous avons estimé l'offre alimentaire de pollen et de nectar autour de chaque rucher via un relevé topographique. Un groupe-projet financé par le CASDAR a été constitué avec une quinzaine d'adhérents. L'objectif est de semer des jachères mellifères avec des espèces dont la floraison est étalée :
bourrache, phacélie, vipérine, trèfle, sainfoin. Ce sont au total 20 hectares de jachères fixes et tournières de parcelles qui ont été semés en 2016. Ils sont
complétés par 200 hectares de couverts végétaux fleurissant en automne : sarrasin, phacélie et moutarde tardive. Ainsi les abeilles ont accès à des surfaces
en floraison de mars à octobre, sans interruption. Nous avons également créé un mélange de semences « fleurs d'abeille » qui se ressème seul. Une campagne de communication fait connaître cette offre à l'ensemble de nos adhérents. 50 hectares ont ainsi été semés spontanément. Nous sommes maintenant dans une phase de mesure des résultats pour démontrer l'intérêt d'une telle démarche à la fois sur les ruchers (production, état sanitaire…) et sur les cultures (rendement, nombre de grains…). L'argumentaire économique est encore à construire.

>> Quels bénéfices votre coopérative tire-telle de ce projet ?
D'abord, un argument de différenciation. Nous pouvons valoriser auprès de nos clients l'attention que nos adhérents portent au respect de l'environnement et à la préservation de la biodiversité. Ensuite, la protection des insectes pollinisateurs est positive pour l'image de l'agriculture. Même nos adhérents les plus sceptiques sont heureux aujourd'hui d'être interpellés par leurs voisins pour expliquer l'intérêt écologique de ces jolies jachères. Nous montrons ainsi que l'agriculture est capable de mettre en place des actions positives pour la biodiversité.

>> Quels sont les bénéfices de ce projet ?
Nous préférons chercher nous-mêmes des pratiques innovantes qui permettront de répondre aux enjeux fixés par l'Europe, sans attendre que les contraintes arrivent par la voie réglementaire. La CUMA permet de progresser ensemble, car arrêter de labourer constitue une prise de risque ! Il reste à concilier ces pratiques « protectrices » de la biodiversité avec un équilibre économique et agronomique : les techniques de travail du sol simplifiées génèrent des économies (engrais, produits phytosanitaires, carburant, temps de travail), tout en améliorant l'activité microbiologique et la structure du sol. Notre groupe a obtenu le label GIEE en 2015. La CUMA de la plaine est petite mais observée de partout car ce modèle de CUMA-laboratoire permet de tester d'autres matériels, sur d'autres problématiques, notamment la lutte contre l'érosion.

 

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