Biodiversité

OPÉRATION NICHOIRS À LA FERME

Mis à jour le 30/08/2024
SCA TERRES BOCAGE GATINAIS
Coopérative
Solutions coopératives

« Favoriser la présence des rapaces pour réguler la pression des campagnols »
Sur le territoire de la coopérative Terres Bocage Gâtinais, les agriculteurs d'une dizaine de communes subissent régulièrement des dégâts de campagnols dans leurs cultures. « La pression est cyclique, tous les trois à quatre ans en moyenne », observe Jérôme Boisgard, technicien en charge des dossiers environnement. « Environ 15 à 20 % des surfaces sont impactées avec des pertes de rendement pouvant atteindre 10 %. » Utilisée pour détruire les nuisibles, la matière active bromadiolone a été interdite en vente libre en raison de sa persistance dans les cadavres des rongeurs ayant un impact dans la chaîne alimentaire. À cette occasion, une centaine d'adhérents de Terres Bocage Gâtinais ont été sensibilisés aux méthodes alternatives de lutte contre les campagnols, lors d'une formation proposée par la Fredon (Fédération de lutte contre les organismes nuisibles). Le labour contribue notamment à réduire la pression, ainsi que la présence du renard et des rapaces. Dans un premier temps, plusieurs perchoirs hauts de trois à quatre mètres ont donc été installés dans les champs. « Cela est concluant dans le cas d'une pression faible à moyenne, constate Jérôme Boisgard. Toutefois, il semblait utile d'aller plus loin en favorisant la reproduction et donc la nidification des rapaces. Celle-ci se fait traditionnellement dans les arbres creux ou les murs creux de bâtiments anciens. »

Opération aidée par une association
Encouragée par l'émergence chez ses clients meuniers de questionnements quant à leurs actions en faveur de l'environnement, la coopérative décide de prendre contact avec l'association Hommes et territoires, basée à Orléans. Celle-ci a notamment travaillé avec la coopérative de Boisseaux en Eure-et-Loir sur l'installation de nichoirs à rapaces pour lutter contre les ravageurs. « Nous avons envoyé un courrier à nos 400 adhérents pour expliquer la démarche et avons reçu en retour trente réponses d'agriculteurs intéressés. Un technicien de l'association Hommes et territoires est alors intervenu pour identifier les espèces présentes sur notre territoire et donc le type de nichoirs à installer dans les exploitations. Nous avons retenu la chouette chevêche, la chouette effraie et le faucon crécerelle. »
C'est ainsi que 48 nichoirs fabriqués par un Esat (Établissement et Service d'Aide par le Travail) ont été distribués aux volontaires en septembre 2019. L'opération a été financée par les agriculteurs eux-mêmes (80 euros/nichoir), la coopérative (1 500 euros), ainsi que par l'un des partenaires financiers de l'association. « Nous avons initié l'idée, communiqué auprès de nos adhérents, et participé à l'installation des nichoirs parfois jusqu'à huit mètres de haut ! De plus, un suivi de l'occupation effective des nichoirs est prévu à partir de 2021. »

Un sujet source de tensions
Selon Jérôme Boisgard, les agriculteurs sont les premiers observateurs et connaisseurs du territoire. Ils sont capables de repérer par exemple les nids confectionnés dans les champs par des espèces comme le busard cendré ou le busard Saint-Martin. « Toutefois, favoriser la présence des rapaces peut être un sujet sensible et source de tensions. Certains agriculteurs protègent les nids en ne moissonnant pas un carré dans leurs champs. D'autres, également chasseurs, préfèrent éviter les espèces prédatrices de petit gibier. »
« La démarche de la coopérative Terres Bocage Gâtinais mérite donc d'être évaluée sur le long terme et ne doit pas être «survendue» », souligne le technicien. La bromadiolone est désormais remplacée par le phosphure de zinc, une nouvelle matière active en vente libre car sans résidu dans les cadavres de rongeurs. « Nous vendons peu d'anticampagnols depuis quelques années car la pression est faible, indique Jérôme Boisgard. Il est certain que la présence de rapaces contribue à réguler celle des campagnols. Mais il est important de conserver une solution de lutte chimique qui pourra s'avérer nécessaire en cas de retour d'une forte pression. »