Agroécologie

MUTUALISER LES ESSAIS AGROÉCOLOGIQUES

Mis à jour le 28/08/2024
DIJON CEREALES
Coopérative
Solutions coopératives

« La mutualisation des essais facilite la démarche agroécologique de chaque coopérative »
La coopérative Dijon céréales s'est engagée dès 2010 dans un dispositif d'expérimentation dédié à l'agroécologie partagé avec plusieurs coopératives de Bourgogne et de Franche-Comté (Bourgogne du Sud, Terre Comtoise, Interval, SeineYonne). Cette mutualisation des moyens et des travaux s'effectue via la société Artémis. Celle-ci gère 75 hectares d'essais en grandes cultures répartis sur quatorze sites mis à disposition par des agriculteurs dans toute la région. Au total, 150 modalités différentes sont testées avec une répétition, sur des bandes de 12 mètres de large et 80 mètres de long. « Toutes ces expérimentations ont pour objectif d'identifier
des pratiques et systèmes favorables à la réduction des intrants, tout en maintenant la qualité et le rendement », déclare Frédéric Imbert. La grande taille des parcelles d'essais vise à reproduire des conditions similaires à celles des exploitations agricoles. Et les protocoles ont été définis sur des durées assez longues de six à sept ans pour une approche à l'échelle du système de cultures. Les mesures et observations sont analysées avec le logiciel Systerre d'Arvalis. « La première récolte a été réalisée en 2012. Nous faisons donc cette année notre septième récolte et nous avons désormais un grand nombre de données. Nous allons pouvoir
commencer à exploiter les résultats. »

De sérieux problèmes de résistance
Dans ses essais, Artémis teste l'allongement des rotations culturales, différentes méthodes de travail du sol, l'adaptation des dates de semis, l'agriculture de précision, le désherbage mécanique, les plantes compagnes, les couverts et intercultures, ainsi que la gestion de la matière organique dans les sols. Des itinéraires sont également conduits en intégrant des cultures fourragères et prairies, ainsi qu'en production biologique sur deux plateformes dédiées. Le logiciel de traitement des données Systerre permet de déterminer pour chaque système de cultures innovant l'indice de fréquence des traitements (IFT), les charges de mécanisation, le rendement énergétique, le temps de travail, la marge semi-nette, etc. Ces indicateurs peuvent ensuite être comparés à ceux calculés dans les filières existantes et tracées des coopératives. « Nous constatons qu'il est difficile d'atteindre les niveaux de performance actuels en réduisant les intrants. Mais nous savons aussi
qu'en conservant les itinéraires traditionnels basés sur les traitements chimiques, nous allons vers de sérieux problèmes de résistance. La culture du colza par exemple est de plus en plus compliquée. » Échanger et réfléchir ensemble

Pour diffuser les nouvelles connaissances, les coopératives impliquées dans Artémis organisent seules ou collectivement des visites techniques sur les plateformes pour leurs adhérents. Dijon céréales a aussi créé des clubs d'agriculteurs pour échanger et réfléchir ensemble. Leur animation s'appuie sur les résultats et observations issus des plateformes Artémis : l'un sur la thématique de l'agriculture de précision regroupe une trentaine d'agriculteurs ; l'autre sur le travail du sol et les couverts végétaux compte une centaine de membres. Ces clubs s'ouvrent désormais aux deux autres coopératives de l'Alliance BFC (Bourgogne du Sud, Terre Comtoise). « La mise en commun de moyens favorise la démarche agroécologique de chaque coopérative, estime Frédéric Imbert. Ce dispositif régional complète avec des données locales les résultats obtenus par les instituts techniques nationaux et l'Inra. En termes d'image, c'est aussi une reconnaissance de ce que les
coopératives sont capables de faire ensemble pour progresser dans ce domaine.