Changement climatique

LES COUVERTS COMME SOLUTION GLOBALE

Mis à jour le 30/08/2024
SCA GERSYCOOP
Coopérative
Solutions coopératives

« En adaptant la technique au contexte climatique, les couverts offrent une solution globale »
Initié en 2008 suite au Grenelle de l'environnement, le plan Ecophyto I avait pour objectif de réduire de 50 % l'utilisation des produits phytosanitaires dans un délai de dix ans. Pour Gersycoop, cette annonce fut un élément déclencheur. « Au-delà des considérations politiques, nous avons pris conscience de l'orientation nécessaire, indique Serge Letellier. Il fallait préparer nos adhérents à de nouveaux schémas. » Dès 2009, la coopérative s'implique dans des mesures agroenvironnementales (MAE) concernant une soixantaine d'agriculteurs et visant à réduire la consommation de pesticides sur un bassin-versant de 3 000 ha. Parmi les leviers, elle se penche notamment sur les couverts végétaux et les plantes compagnes du colza. « Nous avons cherché à adapter ces techniques à
notre territoire où le climat est trop sec pour implanter des couverts en été, et le gel hivernal insuffisant pour les détruire en hiver. Nous avons fait des essais pour trouver comment contourner ces difficultés et proposer des solutions locales aux agriculteurs. » Des espèces de plantes compagnes ont été sélectionnées, supportant de vivre à l'ombre du colza sans le concurrencer, et se maintenant après la récolte jusqu'au semis du blé à suivre. 60 % des surfaces en colza sont désormais menées de cette façon et permettent de diminuer les insecticides à l'automne.

Lutter contre l'érosion
Par ailleurs, des couverts de trèfle peu agressif et résistant à la sécheresse sont semés dès fin février dans les blés au « stade épi 1 cm ». L'idée est d'avoir un couvert permanent après la moisson du blé, afin de lutter contre l'érosion des sols importante dans la région. Composés de limons peu stables et de terres argilo-calcaires situées en coteaux, les champs du Gers sont vulnérables s'ils restent nus. Lors des fortes pluies, la présence d'un couvert améliore l'infiltration de l'eau et limite le ruissellement. « Nous nous sommes rendu compte que les couverts végétaux constituaient une solution globale vis-à-vis de plusieurs de nos problèmes.
Les couverts occupant l'espace rapidement limitent l'installation des adventices et sont un outil complémentaire pour réduire les herbicides. L'efficacité de ceux-ci sera donc mieux préservée car moins sujette à l'apparition de résistances. » En améliorant la structure des sols, les couverts sont aussi un moyen de limiter le travail mécanique pour l'implantation des cultures, et donc de limiter les coûts. Enfin, la biomasse produite sert d'engrais vert permettant de réduire la consommation d'engrais chimiques, et maintient une activité biologique intense.

L'état d'esprit a changé
Pour convaincre les adhérents des multiples bénéfices des couverts, Gersycoop s'appuie sur son programme d'essais, son réseau de techniciens proches du terrain, des groupes d'agriculteurs précurseurs et des formations (pour les adhérents et les techniciens). « Après l'action MAE, des agriculteurs ont souhaité continuer le travail collectif. C'est ainsi que deux GIEE d'une douzaine d'adhérents chacun, sur deux types de sols différents, se sont constitués notamment pour tester les couverts végétaux à grande échelle. Ce sont aujourd'hui des références que nous valorisons lors de visites par exemple. » Serge Letellier constate que la question du coût de la mise en place des couverts, très présente autrefois parmi les interrogations des agriculteurs, n'est plus à l'ordre du jour. « Les cipan, cultures intermédiaires pièges à nitrates, semées l'été et vouées à l'échec ont donné une mauvaise image. Mais nous avons réussi à montrer que les couverts ont un intérêt
technique. Nos agriculteurs précurseurs ont réduit leurs charges et/ou déplafonné leurs rendements et l'état d'esprit a changé : les couverts sont désormais considérés comme un investissement. »