LE COMTÉ CONTRIBUE À LA BIODIVERSITÉ
LES AOP FROMAGÈRES DE FRANCHECOMTÉ ÉVALUENT ENSEMBLE LEUR CONTRIBUTION À LA BIODIVERSITÉ
Le territoire de la fruitière jurassienne de Vernierfontaine détient un remarquable potentiel de biodiversité. La méthode d'évaluation BIOTEX, appliquée aux 20 exploitations de la coopérative, a montré que la biodiversité ordinaire est favorisée par la diversité des altitudes et des sols, par un entretien modéré des haies et lisières, et par l'importance des surfaces de prairies permanentes dont la fertilisation est gérée de manière extensive. Nous avons rendu visible le fait que les activités d'élevage contribuent au maintien de la biodiversité dans les écosystèmes agricoles.
>> Quel est le sens de la démarche que vous avez entreprise ?
Les filières fromagères AOP de Franche-Comté, réunies dans l'URFAC, se sont associées à la Région et à l'Université de Franche-Comté pour mener ensemble une étude expérimentale qui a évalué la biodiversité ordinaire présente dans notre système de polyculture élevage, en relation avec les pratiques culturales des éleveurs et les éléments paysagers du territoire. C'est sur les 20 exploitations qui forment la fruitière de Vernierfontaine qu'a été appliquée la méthode BIOTEX (voir encadré), déclinaison du projet national INDIBIO (INDIcateurs de BIOdiversité) développé par l'Institut de l'Élevage. Elle permet d'évaluer la biodiversité à trois échelles différentes : le territoire, l'exploitation et la parcelle. Les résultats ont été publiés en septembre 2015 et des restitutions ont été faites auprès de chaque agriculteur impliqué. Les exploitations engagées dans les démarches de qualité AOP respectent leur terroir car elles sont encadrées par des cahiers des charges, mais les éleveurs ont depuis longtemps mis en place des actions volontaires de respect de l'environnement. Cette étude permet de faire la démonstration de cette
préoccupation. Elle révèle aux agriculteurs leur rôle envers la biodiversité et leur donne des outils, des mots, pour l'expliquer en faisant le lien avec leurs pratiques. Si le paysage est tel qu'il est, et de surcroît apprécié des touristes, c'est parce qu'il a été travaillé depuis des siècles. Il contribue à la bonne image de la filière Comté.
Comment leurs pratiques contribuent-elles à préserver la biodiversité ?
L'étude montre que le territoire de la fruitière de Vernierfontaine détient un important potentiel de biodiversité, et ce, grâce à plusieurs facteurs. D'abord, la diversité du terrain. Les 20 exploitations s'étendent sur 7 communes du premier plateau des montagnes du Jura. Les différences d'altitude et de couches géologiques créent une grande variété de paysages, composés de bosquets, lisières de forêts, et haies d'essences multiples. De parfaits milieux pour la faune et la flore locales. Deuxième facteur : la gestion des prairies permanentes, qui représentent 60 % de la SAU. Certaines parcelles sont fertilisées essentiellement avec de la fumure organique, de manière à assurer les quantités de fourrage nécessaires aux élevages. Les autres prairies ne sont pas ou peu amendées. Les efforts des éleveurs pour semer des espèces variées, pour utiliser le minimum de traitements phytosanitaires et pour apporter de l'azote via des légumineuses permettent aux prairies de devenir des lieux d'accueil de la biodiversité. Enfin, la gestion des haies et lisières : elles sont entretenues à l'automne et taillées tous les 5 à 10 ans pour respecter au maximum les écosystèmes, mais en conservant des paysages ouverts, plus riches en biodiversité que la forêt. Nous avons ainsi rendu visible le fait que les activités d'élevage contribuent au maintien de la biodiversité dans les écosystèmes agricoles. Depuis, nous avons étendu l'expérience à quatre coopératives volontaires : La Petite Montagne (Sud-Jura), la filière Bleu de Gex (paysage de forêt, deuxième plateau), coopérative de Plasne-Barretaine (premier plateau) et la coopérative de Doubs (deuxième plateau). Elles illustrent la diversité du territoire jurassien.