L'ACCOMPAGNEMENT DE L'AGRICULTURE BIOLOGIQUE


L'AGRICULTURE BIOLOGIQUE NÉCESSITE UN ACCOMPAGNEMENT SPÉCIFIQUE À CHAQUE EXPLOITATION »
C'est en 2011 que l'activité bio d'Acolyance commence à se structurer afin d'accompagner les adhérents désireux d'adopter ce mode de production, et de
répondre à la demande des acheteurs. En 2013, Cécile Rannou est recrutée en tant que responsable de l'activité bio. Deux personnes viennent renforcer l'équipe
en 2015 puis en 2017 dans l'objectif de prendre le relais pour le suivi technique des producteurs sur le terrain, tandis qu'elle se consacre aux aspects qualité et
commercialisation. Le stockage s'organise lui aussi avec désormais deux silos spécialisés. « Sur une vaste zone géographique allant du Nord et du Pas-de-Calais
jusqu'à l'Aube, nous sommes passés de moins de 1 000 tonnes collectées en 2011 à plus de 12 000 tonnes en 2018 chez 200 agriculteurs, indique Cécile Rannou.
L'agriculture biologique nécessite un accompagnement spécifique à chaque exploitation : les rotations doivent être cohérentes à la fois du point de vue agronomique et économique, et en lien avec les besoins de commercialisation. Il n'y a pas d'itinéraire technique type, il faut adapter le conseil à chaque situation. »
Plus de quatorze espèces différentes sont collectées en bio : blé, orge, triticale, avoine, sarrasin, épeautre, seigle, maïs, lin, pois, féverole, etc., ainsi que des
mélanges de deux espèces au plus. « Nous organisons des tours de plaine entre agriculteurs, ainsi que deux réunions techniques annuelles que nous répétons
dans trois lieux différents de notre territoire. Et nous envoyons chaque mois par courrier électronique un flash technique. Travailler sans produit phytosanitaire
demande beaucoup d'anticipation car il n'existe pas toujours de solution curative. Par exemple, nous avons eu beaucoup de rouille jaune il y a quelques années, et nous avons donc sélectionné des variétés de blé plus résistantes à cette maladie. »
Faisabilité et freins à la conversion
Outre le conseil en cultures, l'équipe bio d'Acolyance accompagne également une trentaine de projets de conversion chaque année. « Nous réalisons un audit
avant le démarrage, puis nous étudions avec les agriculteurs la faisabilité du projet et les éventuels freins. La conversion doit être réfléchie sur le long terme ; elle ne se fait pas du jour au lendemain. Le passage en agriculture biologique engendre des contraintes : c'est cela qui justifie un prix de vente plus élevé des céréales. Ce n'est pas la solution miracle quand une exploitation a des difficultés économiques, et les pratiques en bio ne conviennent pas forcément à tous les agriculteurs. Aujourd'hui, le contexte est plus facile et plus sécurisant pour les agriculteurs bio car ils bénéficient de conseils, et peuvent déléguer le stockage et la commercialisation. Néanmoins, ils doivent avoir une grande autonomie. » Parmi les candidats à la production biologique, Acolyance compte peu d'éleveurs mais beaucoup de céréaliers cultivant de la luzerne, car la région est bien pourvue en outils de déshydratation. « La luzerne est un atout important pour gérer le salissement des parcelles et les fournitures d'azote en agriculture biologique », souligne Cécile Rannou.
Construire la contractualisation
Dans la relation entre la coopérative et ses adhérents bio, commence à émerger aussi la mise en place de contrats pluriannuels prévoyant un engagement de récolte, mais sans prix fixé à l'avance pour le moment. « Nous avons encore peu d'antériorité car cela était plutôt vécu comme une contrainte jusqu'à présent,
mais nous construisons petit à petit la contractualisation avec nos producteurs, et aussi avec nos clients, sachant que la plupart d'entre eux sont des partenaires
locaux situés dans un rayon de moins de 250 km de nos silos. »