LA FERTILISATION DE PRÉCISION


Chez Océalia, la fertilisation azotée se pilote à 800 km d'altitude
L'utilisation d'images satellitaires fait désormais partie intégrante des outils déployés par Océalia pour piloter la fertilisation azotée des colzas et des céréales. Les apports sont ajustés à la parcelle, appuyés de conseils affinés des équipes terrain. Ce pilotage de précision permet d'optimiser le potentiel de la plante tant en rendement qu'en qualité.
Sur céréales et colza, le pilotage de la fertilisation azotée peut prendre différentes formes. Utilisation d'outils de mesure au champ, de pesée de biomasses. « Ces techniques fonctionnent mais ne sont représentatives que d'une partie de la parcelle et non de l'ensemble, reconnaît Kévin Larrue. Sans compter qu'elles sont assez fastidieuses et pas toujours réalisées pour chaque parcelle. » L'agriculteur fait alors des moyennes, masquant les hétérogénéités, parfois fortes au sein d'une même parcelle. D'où la volonté du groupe Océalia d'utiliser, depuis 2012, des drones et des satellites pour piloter la fertilisation azotée à partir d'analyses d'images en faisant appel à l'outil Farmstar, développé par Airbus Defence and Space.
70 conseillers d'exploitation formés
Depuis quelques mois, Océalia privilégie les satellites qui fournissent des données précises par la couverture des vues de la terre. Deux clichés, appelés « dalles », suffisent à avoir une vision globale et précise de l'ensemble du territoire de la coopérative, en Poitou-Charentes et en Dordogne. « Au sein du service agronomique, nous sommes deux à suivre le dossier : Sébastien Forest et moi-même, précise Kévin Larrue. Mais les 70 conseillers d'exploitation du groupe ont tous été formés à la lecture des cartes et à l'expression du conseil qui en découle. Ce conseil demande un important suivi de la technologie. Chaque année, des réunions avec les
instituts techniques Arvalis et Terres Inovia permettent de se mettre à jour sur les connaissances et l'évolution de l'outil Farmstar. » En 2017, des kits vidéo ont été réalisés par la coopérative pour accompagner les adhérents à chaque étape de l'utilisation de Farmstar pour leur montrer que cet outil est utilisable par tous, même si pour l'heure, il faut bien le reconnaître, ce sont les plus férus de technologie qui y ont recours.
Optimiser rendement et taux de protéines
En pratique, ce service englobe la réception de deux ou trois cartes par an selon les cultures, et du conseil de fertilisation. Les cartes sont directement téléchargeables sur Internet mais les techniciens de terrain sont au coeur du système pour traduire au mieux les données recueillies et conseiller les
adhérents sur les doses d'azote à apporter selon les stades de la culture. « Pour le colza, la photographie des parcelles a lieu courant décembre et fin
janvier pour avoir une vision de la biomasse à l'entrée et à la sortie de l'hiver et ainsi, calculer la dose totale d'azote à apporter. Pour les blés tendres et
durs, trois cartes sont éditées : fin février, en mars courant montaison et fin avril pour ajuster la dose du dernier apport d'azote. » Si l'enjeu est avant tout d'apporter la juste dose d'azote pour optimiser le rendement en limitant les « trop » ou les « pas assez », pour le blé, l'objectif est également qualitatif. Ajuster la dose du troisième apport permet d'améliorer la teneur en protéines : un critère capital pour Océalia qui exporte près de 60 % de sa collecte. Meilleur rendement, meilleure valorisation de la récolte, réduction des lessivages d'azote dans le sol, les bénéfices sont réels pour l'agriculteur et pour l'environnement. Sur quatre ans, le gain net est estimé à 87 /ha de moyenne pour le colza et à 35 pour le blé tendre. À ce jour, chez Océalia, 20 000 ha sont pilotés avec Farmstar, dont 17 % via la modulation automatique, à l'aide de GPS embarqué sur l'épandeur.