INTERAGIR AVEC LES ÉCOSYSTÈMES
Le GIEE regroupant 12 adhérents de la coopérative SCA Vignoble de la Voie d'Héraclès teste plusieurs actions destinées à créer des interactions entre la faune auxiliaire et les cultures en place. Leur objectif : créer une dynamique territoriale en montrant que ces pratiques sont bénéfiques pour la biodiversité et pour les productions agricoles.
Pourquoi et comment votre coopérative s'est-elle impliquée dans ce GIEE ?
Nous anticipons les obligations de l'avenir en développant une viticulture écologique et compétitive par la consolidation et le développement de pratiques agro-écologiques. Le GIEE créé en 2015 permet de structurer la dynamique en place, et de rendre visibles les actions existantes. Une partie du vignoble (200 ha) est située sur la zone de la source Perrier, marque de Nestlé Waters Sud, et une partie du vignoble s'étend également sur deux aires d'alimentation de captages prioritaires. Au-delà de la protection de la ressource en eau, nous avons initié ensemble un travail sur le changement de pratiques en faveur de la biodiversité.
Quelles sont les différentes facettes du projet mis en place pour préserver la biodiversité ?
Notre première action est l'installation de nichoirs favorisant la présence d'auxiliaires de culture : chauves-souris et oiseaux. Après une reconnaissance des haies, forêts, et parcelles avec arbres existants, nous allons installer les nichoirs de manière à assurer la connexion entre les différents écosystèmes et créer ainsi des couloirs écologiques, sur le modèle des dispositifs des Trames vertes et bleues. L'objectif est d'installer 30 nichoirs en 2017. C'est une opération longue à mettre en place car elle dépend de financements extérieurs. Un suivi est prévu pour vérifier l'impact de leur présence sur les cultures, probablement bénéfique, car certains sont prédateurs de ravageurs des cultures : les chauves-souris pipistrelles mangent des insectes comme les cicadelles. Leur action à long terme limite l'utilisation d'intrants. En mars 2016, nous avons implanté près de 800 mètres linéaires de haies sur le site de la future cave en projet : 800 arbres de 32 espèces différentes pour prolonger le corridor de la zone Natura 2000 à proximité, et restaurer une ripisylve. Cette action a été menée en partenariat avec Perrier qui a mandaté l'agence Pur Projet pour définir les espèces à planter, l'espacement à respecter, et le matériel à utiliser. Ce sont les viticulteurs qui ont planté !
Quelles autres actions menez-vous ou envisagez-vous en faveur de la biodiversité ?
Toutes ces actions sont nouvelles. Nous n'avons pas encore de recul sur les résultats. Mais l'envie d'aller plus loin est bien là. Ainsi en 2016, trois viticulteurs se sont engagés à enherber les inter-rangs de vignes au lieu de les labourer. Les premiers essais (2014) n'ayant pas montré de baisse de rendement, ils continuent !
Une formation « haie et viticulture » a eu lieu au printemps 2016 et a permis le lancement de bon nombre de projets de plantation de haies en bordure de parcelle. Nous envisageons également avec Perrier d'implanter sur 10 ha de la vigne en agroforesterie. La certification HVE (haute valeur environnementale) de plusieurs exploitations est en cours. Elle prend en compte un volet biodiversité important, ainsi que les aspects sociaux et de qualité. Nous souhaitons avant tout créer une dynamique territoriale et montrer l'exemple en donnant la preuve que ces pratiques sont bénéfiques. L'organisation d'événements tel que le café philo « Agro-écologie et intelligence collective » dans le cadre de la nuit de l'agro-écologie, initiée par le ministère de l'Agriculture, permet de sensibiliser et communiquer
sur nos actions auprès de l'ensemble des viticulteurs, et aussi du « grand public ».