FORMATION POUR PRÉSERVER LA BIODIVERSITÉ


FORMER, INFORMER
POUR MIEUX REPÉRER ET PRÉSERVER
À la coopérative de Mansle, loin d'être un concept, la préservation de la biodiversité prend corps au fil des campagnes. Des démarches qualité à la participation active au réseau ENI (effets non intentionnels), en passant par le projet Auximore, les adhérents de la coopérative sont sensibilisés aux pratiques les plus vertueuses. Observer la nature, oui. Mais les agriculteurs doivent apprendre à reconnaître les « bons » insectes !
Depuis quand la coopérative de Mansle agit-elle, aux côtés de ses adhérents, pour préserver et favoriser la biodiversité ?
Notre coopérative a la particularité d'être spécialisée dans les cultures sous contrat. En 2010, nous avons proposé à nos adhérents de produire du blé de qualité sous la démarche CRC (culture raisonnée contrôlée). Une démarche dans laquelle la préservation de la biodiversité occupe une place importante. Mais à l'époque, force est de constater que cette thématique, mal connue, séduit peu. Quelques agriculteurs y sont sensibles. Beaucoup, non. Nous avons donc souhaité mettre en place des formations avec l'appui de la chambre d'agriculture de Charente. Depuis, les échanges et les initiatives n'ont fait que se multiplier. Nous participons à différents projets comme Auximore et le réseau ENI, en partenariat avec la chambre régionale d'agriculture.
En quoi consistent ces deux démarches ?
Le projet Auximore, national, se décline à l'échelle départementale par des journées de sensibilisation aux auxiliaires de cultures. L'idée est d'observer et d'utiliser la faune présente naturellement dans les parcelles pour tenter de réduire l'utilisation de produits insecticides et molluscicides. Mais encore faut-il savoir reconnaître les « bons » insectes ! Tel est l'enjeu des journées de formation, dispensées en deux temps : au champ puis en salle avec des études de cas. Au sein de la coop de Mansle, plusieurs agriculteurs ont déjà participé à ces formations. Quant au réseau ENI, le but est de suivre des parcelles agricoles sur plusieurs années, en bio et en agriculture conventionnelle, irriguées ou non, et de mesurer l'impact potentiel des pratiques sur quatre indicateurs : flore, oiseaux, coléoptères et vers de terre. Observation, comptage, relevés
trois agriculteurs de la coopérative font partie de ce réseau depuis quatre ans. La coop de Mansle est l'une des seules coopératives à participer à cette expérience nationale. Ce type d'initiative est aussi un bon support de communication pour l'entreprise.
Comment faire prendre conscience aux agriculteurs de l'importance de préserver la biodiversité ?
La porte d'entrée, ce doit être la biodiversité fonctionnelle, celle qui va leur servir. Un exemple : savoir repérer les carabes qui se délectent des limaces permet de ne pas utiliser de molluscicide. Un agriculteur sensibilisé en parlera à son voisin
et ainsi de suite. Aujourd'hui, certains de nos adhérents ont dépassé le stade de la théorie puisqu'ils ont implanté des jachères mellifères, près des haies ou des routes pour attirer la faune auxiliaire mais pas seulement. Implantées au bord des routes, ces plantes attirent aussi l'oeil des riverains. Une bonne occasion pour communiquer sur notre métier et montrer les efforts réalisés pour limiter l'impact
des traitements sur la nature. L'objectif est aussi de recréer du lien, pour que les gens se parlent. Entre agriculteurs bien sûr mais également entre la coopérative et ses adhérents et même au-delà, entre le monde agricole et le grand public. Pour l'avenir, nous souhaitons poursuivre cette dynamique engagée. Conseiller, accompagner le changement de pratiques, parler agro-écologie
c'est aujourd'hui cela une partie de notre coeur de métier.