Agroécologie

FAVORISER LA CONSERVATION DU SOL

Mis à jour le 25/06/2024
VIVESCIA
Coopérative
VIVESCIA

Faut-il mettre l'étiquette « agroécologie » sur la dynamique actuelle au sein de la coopérative Vivescia ? Directrice de la recherche et de l'innovation, Savine Oustrain est réservée. « Je préfère parler de méthodes agronomiques s'adaptant aux exigences de la société et de nos clients. Cette évolution se fait de manière continue depuis toujours. Cependant, il est vrai que le débat sociétal s'intensifie et que la prise de conscience s'accélère. L'enjeu est de produire des aliments de qualité, en réduisant les intrants et en préservant les rendements et les revenus des agriculteurs.»
Pour Savine Oustrain, le levier prioritaire réside dans les propriétés liées au patrimoine génétique des plantes. L'objectif de Vivescia est de référencer 100 % de variétés économes en intrants grâce à leur tolérance ou résistance aux ravageurs. L'usage de bio-intrants et du biocontrôle est un autre levier important. « Nous contribuons au financement de la société ARD développant ces solutions. La recherche prend du temps, il est difficile de trouver des produits efficaces. » Un troisième levier a pris beaucoup d'ampleur : l'agriculture de conservation dont les piliers sont l'absence de travail du sol, la diversification de la rotation, et la couverture permanente des sols. Parmi les neuf experts en agronomie et environnement de la direction recherche et innovation, un est spécialisé sur cette
thématique.

Fort engouement, fortes attentes
« Mon rôle est d'animer le club Vivesciagrosol ouvert aux adhérents de la coopérative et aux agriculteurs extérieurs, indique Jean-Luc Forrler. De 2017 à 2018, nous sommes passés de 100 à 350 participants, et nous avons divisé le club en 18 sous-groupes régionalisés. Nous mettons en place avec chacun six rencontres d'une demi-journée par an chez des agriculteurs pratiquant l'agriculture de conservation. Nous organisons également chaque année une journée en salle pour diffuser les résultats de nos essais : plus de 500 personnes y ont assisté en 2018. L'engouement est fort car beaucoup de certitudes se sont effondrées y compris dans les
bonnes terres : la culture du colza par exemple semble condamnée par la résistance des ravageurs aux pesticides. » Face aux impasses techniques et à la nécessité de réduire les intrants et les charges, beaucoup d'agriculteurs se lancent dans l'agriculture de conservation. Or leurs attentes sont fortes en matière d'accompagnement car ils doivent revoir complètement leurs pratiques. « Il n'existe pas d'institut technique spécialisé sur l'agriculture de conservation. Nos rencontres visent à diffuser des conseils mais aussi à échanger les expériences. »

Relais de proximité
Le club Vivesciagrosol met en place des essais pour tester différents couverts végétaux sur différents types de sol : l'objectif est d'identifier les espèces, et surtout les variétés les plus adaptées. Il s'intéresse aussi à l'impact des dates de semis sur la réussite des couverts. « L'interculture vise de plus en plus à produire de l'azote, observe Jean-Luc Forrler. Mais il faut apprendre à en maîtriser la libération pour la culture suivante et ce savoir-faire n'est pas évident. » Selon l'agronome, le statut de coopérative facilite et accélère la diffusion des techniques, grâce notamment aux moyens disponibles pour l'expérimentation, la communication et à la force logistique permettant de réunir 500 agriculteurs par exemple. « La coopérative reste une source de référence, conclut Savine Oustrain. Malgré sa
grande taille, elle conserve des relais de proximité sur le terrain. Notre rôle est d'entraîner tous les adhérents vers une agriculture durable. »