Biodiversité

FAIRE VIVRE LES CÉPAGES ANCIENS

Mis à jour le 29/08/2024
UNION DES VIGNERONS DE SAINT POURCAIN
Coopérative
Solutions coopératives

La cave coopérative du vignoble de Saint-Pourçain, avec les caves particulières, a organisé en partenariat avec les collectivités locales, il y a 25 ans, la création du Conservatoire des anciens cépages. Son objectif : maintenir le savoir-faire des méthodes culturales et l'existence des variétés traditionnelles qui n'ont pas été retenues pour l'appellation. Peut-être que dans 30 ou 40 ans, les caractéristiques de ces cépages intéresseront de nouveau !

>> Pourquoi et comment votre coopérative s'est-elle impliquée dans le projet ?
Le vignoble de Saint-Pourçain daterait d'avant l'époque romaine. Aujourd'hui 19 communes au coeur du bocage bourbonnais, produisent des vins blancs, rosés et surtout rouges classés en AOC depuis 2009, sur 600 hectares. La cave coopérative regroupe les deux tiers des surfaces de vignes. Le fait d'entrer dans l'appellation, en 2009, a obligé à réduire le nombre de cépages de 13 à 4. Beaucoup n'ont pas été gardés car ils étaient très productifs, mais peu qualitatifs. Le conservatoire préserve donc la mémoire du vignoble : les cépages inclus et exclus de l'AOC, mais aussi les savoir-faire et les méthodes de culture traditionnels. La création du Conservatoire est une décision syndicale commune dans laquelle nous nous sommes beaucoup impliqués. Dès 1990, nous avons effectué un repérage des pieds anciens encore existants et des boutures. Tous les vignerons ont apporté leur contribution. Il a fallu ensuite 4 ans avant de pouvoir effectuer la première vendange à partir de ces nouvelles plantations de cépages anciens. L'État loue le terrain sur les coteaux du site remarquable du château de Chareil, à Chareil-Cintrat, propriété du Centre des monuments nationaux. Aujourd'hui l'image de la vigne et celle du château sont indissociables. En partenariat avec la communauté de communes, nous avons créé une association en 1995 pour accueillir un salarié à l'année. Cette association adhère à la cave coopérative pour commercialiser les vins rouges issus de la culture des 4 cépages admis dans l'AOC.

>> Quelles sont les activités du Conservatoire liées à la biodiversité ?
Les anciens cépages qui composaient autrefois les vins de Saint-Pourçain comme le saint-pierre doré, meslier, melon, pinot blanc… y sont cultivés sur 67 ares, en 14 parcelles différentes, entièrement à la main par le salarié. Les 10 cépages blancs font l'objet d'une cuvée spéciale, vendue par l'association aux restaurateurs ou au public via les acteurs du tourisme local. Cette « Cuvée du Conservatoire » représente 1 400 à 1 800 bouteilles chaque année. Cette activité permet de faire vivre d'anciennes méthodes de culture comme les plantations à « pessiaux » (échalas) ou à « paillas » (treilles lattées), ou encore les vendanges à bacholle… Il est essentiel d'avoir le Conservatoire des anciens cépages pour que ce patrimoine, génétique notamment, continue d'exister. Le climat change, les habitudes de consommation changent… Peut-être que dans 30 ou 40 ans, on fera appel à ces cépages car leurs caractéristiques intéresseront de nouveau!

Une parcelle de sélection est mise à la disposition des pépiniéristes.
Par ailleurs, nous menons un travail de recherche sur le cépage tressalier, utilisé dans la version actuelle du saint-pourçain blanc, mais dont il ne reste plus que deux souches, ce qui le rend très fragile face aux risques sanitaires. Il n'existe nulle part ailleurs dans le monde. Il était à l'état de trace il y a 30 ans car ce cépage, qui doit être vendangé tardivement, posait des difficultés de maîtrise desrendements. Il présente pourtant beaucoup de qualités et de finesse quand il est récolté à la bonne maturité. Il est très complémentaire du chardonnay, plutôt gras et rond. Nous travaillons avec l'Institut français du vin pour créer une nouvelle souche, moins sensible à la pourriture causée par le botrytis.

 

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