Agroécologie

Diversifier la rotation

Mis à jour le 28/08/2024
COCEBI
Coopérative
Solutions coopératives

« CONCILIER LA DIVERSIFICATION DE LA ROTATION ET LA VALEUR MARCHANDE DES PRODUCTIONS »

À l'origine de la création de la coopérative Cocebi en 1983, il y a sept agriculteurs pionniers de la production biologique. « Ils se sont pris en main, raconte Jean Buet, directeur depuis 2013. Le stockage et le nettoyage des grains étaient réalisés chez l'un des adhérents, puis ils étaient vendus en Allemagne grâce notamment au président germanophone. » Entre 2012 et 2017, le volume collecté est multiplié par trois ; il est majoritairement commercialisé en France. Les adhérents rejoignant la coopérative s'engagent à l'apport total de leurs productions pour cinq ans, sauf les éleveurs et ceux pratiquant la vente directe. Le site de stockage de Nitry racheté à la fin des années 1980 à la coopérative 110 Bourgogne est régulièrement agrandi. En complément, la coopérative a recours au stockage à la ferme. Un nouveau site est en projet d'ici quelques années.

Des rotations entre sept et dix ans
Un tiers des 200 adhérents est en polyculture-élevage ; les autres sont spécialisés en grandes cultures. Ils produisent des céréales à paille (blé, avoine, triticale, orge, épeautre), des oléagineux (tournesol, lin, cameline, colza) et protéagineux (pois, féverole, soja), des légumineuses telles que les lentilles, et une dizaine d'autres cultures comme le millet, des semences de luzerne ou des graines à faire germer. « Nous collectons une quarantaine de produits différents dont certains ne représentent que quelques tonnes. Nous préconisons des rotations entre sept et dix ans comprenant deux à trois ans de culture de luzerne ou de trèfle, afin d'éliminer les plantes vivaces, d'enrichir le sol en nutriments et d'améliorer sa structure. » La luzerne ou le trèfle sont autoconsommés par les exploitations d'élevage ; vendus sur pied à des éleveurs ou échangés contre du fumier ; vendus pour la déshydratation ; ou encore utilisés pour la production de semences. Certains céréaliers broient une partie des coupes pour les restituer au sol.

Mieux orienter les productions
« La coopérative a pour mission de proposer une culture adaptée à chaque parcelle, à la fois pour permettre la diversification de la rotation, et pour un accès au marché économiquement viable. Notre service agronomique composé de trois conseillers accompagne les adhérents sur l'assolement mais aussi sur la valeur marchande de leurs productions. Cela implique que certaines cultures soient réservées aux terrains difficiles ayant peu de potentiel ; c'est le cas du petit épeautre par exemple. Par ailleurs, nous menons des essais pour nous diversifier en permanence. » En 2014, la Cocebi s'est rapprochée de Probiolor en Lorraine et Corab en
Nouvelle-Aquitaine, deux coopératives spécialisées en bio. Biocer en Normandie a rejoint en 2016 cette union commerciale baptisée « Fermes Bio.coop ». « Nous partageons nos valeurs car nous sommes toutes les quatre 100 % bio. L'objectif de l'union est de progresser en compétences et de mieux orienter nos productions en fonction des besoins des clients. L'agriculture biologique est davantage soumise aux aléas climatiques, et la mutualisation nous permet de compenser les variations de rendements. Nous avons appris les uns des autres, nous avons progressé ; nous avons aussi développé des contrats triennaux avec des engagements sur les volumes, la qualité et des fourchettes de prix, afin d'apporter davantage de visibilité. Le regard de nos clients a changé, car avec plus de 15 % de la production nationale de graines biologiques, nous sommes devenus incontournables. »

 

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