DÉCARBONATION DU PROCÉDÉ DE DÉSHYDRATATION DE LA LUZERNE

La solution mise en place par les coopératives de déshydratation de la luzerne, réunies au sein de Luzerne de France, vise à atténuer les émissions de leur procédé de transformation en substituant leurs consommations d'énergies fossiles par de la biomasse.

La mise en place d'injecteurs dédiés permet de substituer partiellement l'énergie fossile par de la biomasse dans les générateurs d'air chaud des usines de déshydratation. La solution mise en œuvre permet de généraliser cette pratique à l'ensemble des conditions de production de sorte à converger massivement vers le 100% biomasse.

La solution développée permet d'envisager la décarbonation totale des procédés de déshydratation de la filière dans un délai bien plus ambitieux que ne l'est celui fixé par les autorités européennes (paquet climat) et nationales (feuille de route sectorielle IAA). Ce, en dépit du fait que l'objectif européen en matière de décarbonation compte parmi les plus ambitieux au niveau mondial.

Après avoir généralisé l'installation des injecteurs à biomasse sur les lignes de production (fonds ADEME), la stratégie de déploiement de la solution visant la massification de la substitution a été construite autour des dispositifs permis par le plan de relance, notamment en créant un nouveau type d'aide dite au fonctionnement. Il s'agit d'un engagement de l'Etat sur 15 ans de contribuer aux surcoûts générés par le changement d'énergie.

Les adhérents se sont regroupés au sein de Luzerne de France pour étudier avec l'ADEME, le MTES et Bercy la stratégie de déploiement, de massification de la substitution. Les collaborateurs, salariés des entreprises, ont rendu possible techniquement l'atteinte de cet objectif en agissant au quotidien sur les outils de production.

L'ADEME a joué un rôle central dans le dispositif en s'engageant à recevoir l'ensemble des projets proposés par la filière dans le cadre de son AAP BCIAT 2020. Cela représente 1 projet lauréat sur 3 parmi les 51 projets industriels retenus au niveau national dans le cadre de cet AAP. Le MTES s'est impliqué à ses côtés au niveau de la mobilisation de la ressource, la maîtrise des approvisionnements au sein de cellules régionales dédiées. Enfin Bercy a travaillé aux côtés de la filière pour mettre au point l'instrument financier structurant porteur de la solution.

Les résultats sont issus des chiffres officiels publiés annuellement par le MTES: en termes d'émissions nettes : réduction de 82% en 2020 (base 2005), ramenées à la tonne produite : réduction de 73% en 2020 (base 2005). En termes d'aide CAPEX, 7 M€ ont été attribués aux projets de la filière. La valorisation de l'aide au fonctionnement pour 2020 s'élève à environ 3,5 M€ (son attribution est soumise à notification européenne).

La filière a communiqué autour de ces nouvelles perspectives notamment au travers de sa prospective Luzerne 2026. Menée en 2020, elle est porteuse d'un objectif stratégique fort de décarbonation : atteindre dès 2025 une atténuation globale proche de 90% à la tonne produite. Des motion design ont également été réalisés par Luzerne de France, et plus récemment, plusieurs reportages de France TV ont été consacrés à la démarche. L'initiative a emmené l'ensemble des adhérents de Luzerne de France. Elle a été perçue comme structurante pour l'avenir de la filière et répondant à une préoccupation sociétale majeure : celle du changement climatique.

Les projections sont réalisées sur la base du travail collectif de prospective mené en 2020 : en termes d'émissions nettes : réduction de 91% en 2025, 93% en 2030 (base 2005), ramenées à la tonne produite : réduction de 89% en 2025, 92% en 2030 (base 2005).