COLLECTEUR, UN MÉTIER À PART ENTIÈRE

À année exceptionnelle, process exceptionnel.
Après une campagne chahutée par le climat, les collecteurs et stockeurs de céréales, à l'image de Valfrance, ont mis en oeuvre tout leur savoir-faire pour proposer à leurs clients des récoltes au plus près de leurs exigences qualitatives. Trieurs, nettoyeurs, ventilateurs ont tourné à plein pour éviter le gaspillage.
Chaque année, près de 2 800 000 personnes sont nourries par les 820 000 tonnes de céréales et d'oléoprotéagineux collectées par Valfrance. Près de deux hectares de blé sur trois cultivés par les adhérents de la coopérative alimentent la meunerie du grand bassin parisien. Autant dire que la coopérative implantée dans l'Oise et en Seine-et-Marne occupe une place capitale dans la filière agroalimentaire française. « Notre objectif est de produire pour satisfaire nos clients, qu'ils soient meuniers, amidonniers, producteurs d'éthanol ou fabricants d'aliments pour le bétail, confie Charles Descamps, directeur du pôle Aval chez Valfrance. 20 % des blés produits par nos adhérents le sont sous contrat de production AgriConfiance avec la filière. Ce chiffre passe à 40 % pour le maïs. » Des pourcentages élevés, spécificité de Valfrance.
CETTE ANNÉE, TRI ET NETTOYAGE, INCONTOURNABLES
Bien vendre, c'est avant tout produire, collecter et stocker une récolte de qualité. Chaque client affich des exigences précises pour un débouché particulier. Qualité technologique, critères sanitaires tout est écrit noir sur blanc. Mais passer de la théorie à la pratique est un challenge parfois compliqué à réussir. « Cette campagne en est un très bon exemple, constate Charles Descamps. Fin mai, le potentiel des céréales était là, prometteur. Mais le climat des mois suivants a inversé la tendance. » Les pluies et la fraîcheur du printemps ont perturbé la fertilisation des épis de blé puis le remplissage des grains. Au final des petits grains, peu remplis, avec des rendements en recul : jusqu'à 30 % par rapport aux moyennes régionales. Comme si cela ne suffisait pas, maladies et champignons se sont parfois développés sur les grains. « En juillet, le travail de tri et de nettoyage à l'entrée des silos fut colossal, souligne-t-il. La prise d'échantillons, réalisée au sein de chaque benne réceptionnée, nous a permis d'analyser et d'alloter les blés en fonction de leurs qualités : taux de protéines, poids spécifiques poids de mille grains, indice d'Hagberg autant de critères regardés de près par les acheteurs. »
VENTILER ET REFROIDIR
Et cette année, les résultats étaient bien en dessous des normes imposées par les clients à l'export et par les meuniers français. « Nous avons beaucoup échangé avec eux pour voir si leurs exigences pouvaient être revues à la baisse, notamment pour le poids spécifique sans impacter sur le process de fabrication du pain. Nous avons aussi cherché d'autres débouchés, en alimentation animale notamment, pour valoriser notre collecte. Mais attention, pour ce débouché aussi les normes sont strictes. En attendant d'écouler les grains, la qualité du stockage doit être irréprochable pour assurer une bonne conservation des lots. En moyenne chez Valfrance, les blés restent stockés six mois dans les silos. « La ventilation et le refroidissement des grains est une étape importante juste après la récolte,
précise-t-il. Les grains, récoltés chauds, doivent rapidement être refroidis, par paliers, jusqu'à 5 °C. Une température à laquelle aucun champignon ou insecte ne se développe. » Investir et entretenir ses outils industriels constituent, pour une coopérative comme Valfrance, une priorité pour éviter les pertes et valoriser au mieux la collecte de ses adhérents.