CHANGER LES REGARDS PAR L'OBSERVATION

CHANGER LES REGARDS PAR L'OBSERVATION
La coopérative LORCA, basée à Lemud en Moselle, a intégré le dispositif FERMECOPHYTO proposé par InVivo. En proposant aux agriculteurs de participer au dénombrement et à l'identification des insectes présents sur leurs exploitations, elle leur permet de s'approprier la notion de biodiversité et de s'ouvrir à de nouveaux modes de production.
Pourquoi et comment votre coopérative s'est-elle impliquée dans le projet FERMECOPHYTO ?
Il est important pour nous d'améliorer notre connaissance et celle des exploitants sur la biodiversité. Nous avons donc répondu favorablement à une action proposée par InVivo dont l'objectif était d'intégrer un réseau national (environ 1 900 parcelles) dans lequel est mesurée et identifiée la biodiversité. Nous souhaitons ainsi montrer que la préservation de la biodiversité n'est pas opposée à la rentabilité et à la qualité de la production agricole. À moyen terme, cette sensibilisation contribuera à maintenir et favoriser la biodiversité ordinaire et patrimoniale sur le territoire. Mais surtout à faire prendre conscience aux adhérents des multiples services « gratuits » que leur apporte la présence de certaines espèces.
Comment fonctionne ce projet ?
Nous testons deux dispositifs selon le plan d'action donné par InVivo, dont les protocoles sont issus du réseau de l'Observatoire agricole de la biodiversité (OAB).
Le premier, qui concerne les nichoirs à abeilles, est réalisé sur deux fermes. Ces simples tubes en carton sont un outil de mesure des abeilles qui les colonisent
naturellement. Nous pouvons ainsi nous rendre compte de l'abondance et de la diversité en comptant le nombre d'opercules et en observant leur composition.
Par exemple : s'il est en terre, le nichoir est occupé par une abeille sauvage de nos campagnes. Pour l'instant, à notre échelle, nous n'avons pas de recul sur les résultats, mais l'intérêt est la globalité du programme d'InVivo. Le second dispositif est le suivi de papillons sur 3 exploitations. Il s'agit de dénombrer et d'identifier les papillons présents sur les bandes enherbées auprès de parcelles cultivées. Le principe est simple, il suffit de se déplacer entre mai et septembre entre 11 et 17 heures les journées ensoleillées sans vent puis de dénombrer et identifier dans l'espace de 2,5 mètres carrés qui nous entoure, les papillons qui s'y trouvent. Les types et les tailles sont très différents selon les parcelles, si elles sont traversées par un cours d'eau, bordées d'une haie ou proches d'une prairie. Nous avons élargi cette action aux vers de terre et aux micro-organismes du sol en confiant aux étudiants de l'ENSAIA, l'École nationale supérieure d'agronomie et des industries alimentaires à Nancy, un projet pluriannuel : ils élaborent un état des lieux de la vie du sol sur le territoire de la coopérative ainsi que son évolution pour aboutir à des solutions correctives. Les références existantes sont souvent établies dans l'Ouest et celles propres à notre région manquent. Pour le moment nous sommes seulement sur de l'observation, pour donner envie aux agriculteurs de s'intéresser davantage à leur sol.
Quels bénéfices attendez-vous de ces observations ?
Ces exercices simples permettent de prendre conscience de ce qui est autour de nous, pour, au final, changer les regards. On voit bien, par exemple, que l'intérêt pour le sol est grandissant. Il faut également montrer la plus-value économique que génère le travail avec la biodiversité, qui sera un allié précieux pour produire demain. Mais il faut d'abord la connaître et la comprendre, et cela demande du temps. Le premier pas est de remettre les agriculteurs à l'observation, en leur proposant des actions accessibles et des protocoles simples. En s'impliquant eux-mêmes, ils constateront qu'ils peuvent aussi gagner économiquement, en utilisant les atouts de la biodiversité dans leurs modes de production et en créant de la valeur ajoutée environnementale. L'exercice est d'allier productivité, économie et respect de l'environnement !