APPORTER DE L'OMBRE AUX PALMIPÈDES


La coopérative Euralis développe dans le bassin Sud-Ouest un programme d’agroforesterie pour arborer les parcours des élevages d’engraissement de canards. Les bénéfices attendus concernent le bien-être animal, l’environnement et l’image de la filière. Sur les 140 sites d’élevage de palmipèdes que compte la coopérative, 110 sont concernés par le programme d’agroforesterie, les autres sites étant plus anciens et déjà arborés. « L’engagement des éleveurs dans ce programme est volontaire. À nous de le rendre attractif en l’accompagnant : 70 % des frais de plantation et d’achat des essences d’arbres sont pris en charge par l’Organisme de production (OP) de la coopérative, Euralis Palmipède.
L’objectif est que les 110 sites soient aménagés à la fin de l’année 2023. Pour le moment, 40 sites le sont depuis le printemps 2020.
Cette démarche d’agroforesterie intervient dans un moment de forte évolution de la filière palmipède dans la région. Le SudOuest comprend historiquement plutôt des petits élevages de plein air avec des structures légères. Mais la deuxième crise d’influenza aviaire en 2017 a obligé les éleveurs à réagir vite. « Aujourd’hui nous avons besoin de mettre les animaux à l’abri dans des bâtiments plus performants, plus confortables pour eux et pour les éleveurs. C’est un véritable changement de paradigme sur l’habitat des oiseaux qui s’est opéré. Nous avons dû canaliser le passage d’une filière historiquement liée au plein air à une filière qui doit intégrer à présent la technicité de l’élevage en bâtiment, dès lors que le risque sanitaire apparaît. L’agroforesterie est arrivée dans cette logique. »
Les éleveurs accueillent très positivement la démarche : « Ils observent bien que les canards ne savent pas où se mettre quand il fait chaud, que les arbres répondent à ce besoin. On est sûr que cela influence la qualité. » Les canards peuvent parcourir jusqu’à deux cents mètres pour aller chercher l’ombre ou trouver une occupation. Ils sont plus à l’aise lors des épisodes de chaleur et boivent moins. Les bénéfices de l’agroforesterie ne s’arrêtent pas au bienêtre animal. « La planète a besoin d’arbres, donc on en remet ! » s’exclame Rémy Saint-Germain. Les parcours sont aussi enherbés et ressemés à chaque nouvelle bande de palmipèdes, avec des rotations et un temps de repos. Ce système offre une meilleure structure du sol, moins de ravinements et favorise le développement de la biodiversité. Le lien avec les enjeux climatiques est évident. Même si Euralis n’affiche pas d’objectif chiffré de captation de carbone, les quelque 20 000 arbres plantés sur près de 500 hectares permettront peut-être de créer une nouvelle source de valeur pour les éleveurs à travers la vente de crédits carbone. Au-delà du bien-être animal et de l’aspect environnemental, la question de l’image de la filière est une motivation puissante pour développer l’agroforesterie. « Les arbres dans les parcours vont changer le regard des visiteurs de nos fermes. Et même pour nous, nos élevages seront embellis. Nous souhaitons montrer que nous faisons les choses bien, que nous comprenons les attentes du grand public.