ADAPTER UN MILIEU AUX POLLINISATEURS

Dans l'Aude, la coopérative Arterris met en place des essais pour estimer l'impact sur le rendement d'une pollinisation favorisée par l'implantation de colonies d'abeilles dans les cultures de tournesol de consommation. Il s'agit également de connaître l'offre alimentaire de ces zones pour créer de meilleures conditions d'accueil des pollinisateurs. Le manque de fleurs dans l'aménagement paysager est l'un des facteurs de stress défavorable à l'activité des abeilles.

Comment votre coopérative s'est-elle impliquée dans ces essais ?
Nous avons répondu en septembre 2015 à une sollicitation conjointe de l'INRA, Syngenta et Agrosolutions, qui souhaitaient trouver des opérateurs économiques pour réaliser des essais relatifs à la présence de pollinisateurs dans les cultures. Deux sujets sont étudiés en parallèle sur des parcelles de tournesol de consommation, dans lesquelles les abeilles sont déjà bien présentes. L'objectif est de déterminer l'impact de l'installation de colonies d'abeilles domestiques sur la pollinisation, le rendement et la qualité des récoltes. L'idée est d'optimiser l'ensemble des facteurs de production, y compris ceux qui sont présents naturellement comme les abeilles.

En quoi consistent les essais que vous menez ?
Le premier sujet se concentre sur l'impact des colonies sur les rendements et la qualité de la récolte. Nous suivons 5 sites dont les caractéristiques parcellaires
répondent aux exigences du protocole INRA. Ce sont des sites de plus de 2 hectares, de 500 mètres de long, représentatifs de la zone étudiée. Une bande mellifère composée de 6 espèces de fleurs est implantée le long de chaque parcelle. Celle-ci fleurit avant le tournesol. C'est un terrain préparatoire pour habituer les abeilles nouvellement implantées à cette parcelle et leur permettre de « prendre des forces » avant la période forte de pollinisation qui se situe entre le 10 et le 20 juillet. À ce moment, nous mesurons la présence des abeilles sur 3 bandes à des distances différentes de la bande mellifère. Le comptage est fait sur 100 à 200 capitules de tournesol. En fin de campagne, les capitules sont récoltés de manière à compter les grains et estimer le rendement. Celui-ci est comparé à celui obtenu par la récolte de capitules « sous voile », en autopollinisation, qui sert d'étalon. Et réciproquement, la production de miel dans les colonies est mesurée : nous pouvons donc estimer l'impact de ce système sur la production de miel. C'est un partenariat gagnant-gagnant pour les agriculteurs et pour les apiculteurs !

Comment fonctionne l'étude sur l'offre alimentaire ?
Cette étude consiste à estimer autour d'un site l'offre alimentaire disponible pour les abeilles. Deux inventaires floristiques, en mai et à la mi-juin, permettent à
Agrosolutions de :
• estimer les quantités de nectar et de pollen produites sur la zone d'étude,
• déterminer la répartition de ces ressources dans le temps et dans l'espace,
• analyser les périodes d'abondance et de carence des ressources,
• identifier les lieux les plus propices à l'implantation de colonies et proposer des solutions amélioratrices adaptées à la zone.
Cette étude sensibilise aussi fortement sur le fait que le manque de fleurs dans l'aménagement paysager au cours des saisons est un facteur de stress défavorable à l'activité des abeilles.

Quels enseignements tirez-vous de ce projet ?
2016 a été une année d'apprentissage pour optimiser ensuite la mise en place des protocoles. Ce type d'essai n'est jamais simple à cause des différences pédoclimatiques, de la coordination des partenaires et des contraintes de production des agriculteurs qui accueillent les essais. Nous avons deux autres campagnes à suivre avant que nous puissions tirer des conclusions. Ce qui est certain, c'est que l'apiculture est un domaine que l'on ne connaissait pas. Ce projet permet d'engager un dialogue, de comprendre comment fonctionnent les abeilles pour leur créer un milieu favorable et construire un lien gagnant-gagnant entre les filières.

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