ADAPTER LES MOYENS POUR LE BIO


« ADAPTER NOS MOYENS POUR PASSER À UNE VITES SE SUPÉRIEURE DE DÉVELOPPEMENT »
Chez Terre d'Alliances, les premières conversions à l'agriculture biologique datent du début des années 2000, et pendant près d'une dizaine d'années, la collecte
stagne autour de 1 000 tonnes. « Nous avions décidé de dédier à cette activité un silo de 3 000 tonnes à Guéreins dans l'Ain, équipé d'un nettoyeur et d'un séchoir, explique le directeur du pôle végétal Jérôme Laborde. Mais en réalité, avec seulement six cellules de 500 tonnes, l'outil n'était pas adapté. C'était insuffisant
vis-à-vis du nombre de produits différents en bio et en conversion. »
En 2014, la dynamique bio s'amplifie enfin, et la coopérative décide d'embaucher une personne spécialisée dans l'accompagnement technique, l'animation de la
filière et l'organisation de la collecte. En 2016, les récoltes bio ne rejoignent pas le silo de Guéreins mais celui de Bourg-en-Bresse, toujours dans l'Ain. Il compte deux circuits séparés : l'un d'une capacité de 2800 t divisé en quatorze petites cellules de 180 à 270 tonnes pour les graines bio ; et l'autre d'une capacité de
7 200 tonnes pour la collecte conventionnelle. La capacité totale d'allotement est de 26 cellules, sachant que l'ensemble du site est conduit sans insecticide et peut
donc évoluer en cas d'augmentation de la production bio. En effet, dès la récolte 2018, la saturation est atteinte avec une collecte de 3 000 tonnes environ en 24
produits différents. « Nous avons investi 400 000 euros l'an passé, en particulier dans l'achat de bennes ventilées et la mise en place d'une ligne de séchage en
bennes. Le site est équipé d'un séchoir mais il faut au moins cent tonnes de grains pour le démarrer ; ce n'est donc pas adapté aux petits lots. Les bennes d'une
capacité de 10 à 15 tonnes permettent de sécher et stocker des productions bio peu volumineuses telles que le tournesol, le soja pour l'alimentation humaine, le
sorgho ou le sarrasin. Le maïs et le soja pour la nutrition animale passent par le séchoir traditionnel. »
Accélérer le rapprochement avec la coopérative Dauphinoise
Terre d'Alliances parvient donc à faire face jusqu'à présent à sa nouvelle activité bio en croissance. Mais de nombreuses questions se posent pour l'avenir. Pour les
moissons 2019, la coopérative commence à étudier les possibilités de stockage supplémentaire avec sa voisine, la coopérative Dauphinoise. « Depuis deux ans, nous travaillons ensemble au sein de l'union Oxyane, sur l'optimisation du stockage et les collectes croisées. Le développement de la production biologique et des filières de qualité en général contribue à accélérer notre rapprochement et nos réflexions communes car cela demande des outils adaptés avec des investissements lourds. Nous serons peut-être amenés à l'avenir à investir ensemble dans des équipements. » Par ailleurs, après une première phase de conversion plutôt chez des polyculteurséleveurs autoconsommant une partie de leurs céréales, la coopérative voit désormais arriver sur le marché bio des céréaliers purs avec 150, 200 voire
300 ha de cultures. Toutefois, certains disposent de capacités de stockage et peuvent donc épauler la coopérative dans cette tâche.
La bio tire tout le monde vers le haut
Autre équation à résoudre : celle de l'évolution des moyens humains. « Là aussi, notre technicien dédié atteint la saturation. La question se pose de spécialiser
d'autres membres de l'équipe. Ce choix se fera dans le cadre de la réflexion plus globale sur la réorganisation de nos équipes suite à la loi EGAlim et ses incidences
sur la séparation du conseil et de la vente. » L'adaptation des moyens logistiques et humains est d'autant moins aisée que l'évolution de la production bio est incertaine. « Il n'y aura pas de marche arrière. Mais il n'est pas impossible non plus que les conversions ralentissent si les prix s'améliorent sur les marchés conventionnels, estime Jérôme Laborde. La production biologique présente dans tous les cas un gros avantage : elle tire l'ensemble des adhérents vers le haut en matière d'économie d'intrants et de qualité. Les agriculteurs conventionnels s'intéressent aux techniques utilisées en bio, sans forcément se convertir. »