Réunis à Bruxelles pour leur Convention annuelle, dans le cadre de l’Année internationale des coopératives, les acteurs de La Coopération Agricole Nutrition Animale ont rappelé que la politique et l’approvisionnement alimentaire des animaux doit désormais se penser à l’échelle européenne pour décarboner l’élevage, réduire la dépendance aux protéines importées et renforcer la compétitivité face à la concurrence internationale.

Lors des échanges organisés à cette occasion, les eurodéputés Benoit Cassart et Eric Sargiacomo ont pris part aux débats aux côtés du Professeur Wilhelm Windisch (TUM School of Life Sciences) et des experts Pedro Cordero (FEFAC), Elli Tsiforou (COPA-COGECA), Carlos Martin-Ovilo (DG AGRI) et Jukka Peltola (NESA). Tous ont souligné le rôle stratégique de la nutrition animale dans la décarbonation, la résilience et la souveraineté des filières d’élevage européennes.

Dans ce contexte, La Coopération Agricole Nutrition Animale a profité de cette rencontre pour adresser 3 messages clairs aux décideurs européens :
 

EUDR – lutte contre la déforestation : un règlement à réajuster
Parmi les sujets de préoccupation, le règlement européen EUDR (lutte contre la déforestation) suscite de fortes inquiétudes. S’il est salué pour ses ambitions environnementales, sa mise en œuvre est jugée trop complexe, mal calibrée et confuse. Les coopératives alertent sur un risque de rupture d’approvisionnement en soja dès le premier semestre 2026, et appellent à un report d’au moins six mois, ainsi qu’à une simplification urgente du dispositif, afin de préserver la stabilité des filières.

La simplification, gage de compétitivité et de transitions 
La Coopération appelle à une simplification urgente et cohérente des cadres réglementaires européens. Les coopératives défendent une approche pragmatique et harmonisée, capable d’accompagner les transitions sans fragiliser la compétitivité des éleveurs. Elles soulignent que la complexité croissante des normes ralentit la mise en œuvre de solutions nutritionnelles innovantes, pourtant déjà disponibles pour réduire l’empreinte carbone des élevages.

Reconnaissance du rôle stratégique de la filière
Les coopératives demandent la pleine reconnaissance du rôle de la nutrition animale dans la souveraineté protéique et, plus largement, dans la souveraineté alimentaire européenne. Leur action contribue directement à sécuriser les approvisionnements, relocaliser la production de protéines et accélérer la transition vers un modèle d’élevage plus autonome, durable et compétitif.

David Saelens, Président de La Coopération Agricole Nutrition Animale déclare : "On ne peut pas décarboner, nourrir l’Europe et renforcer notre souveraineté avec des règles qui changent tous les trois mois et des systèmes de productions dépendants d’intrants venus de l’autre bout du monde et détenus par une poignée de fournisseurs. Ce que nous demandons est simple : de la simplification, de la stabilité et de la reconnaissance, pour investir et accompagner l’élevage grâce à une alimentation animale non délocalisable et durable. Cela passe par un vrai plan européen pour le développement des protéines végétales, intégrant le soutien à la culture du colza, et par la diversification de nos sources d’approvisionnements, notamment en relocalisant une industrie de la fermentation compétitive. C’est d’une véritable ambition européenne pour la nutrition animale dont nous avons besoin."

L’activité du secteur en 2025 en chiffres clés :

+1 % – Production française d’aliments composés (en légère hausse)

+3,5 % – Dynamique des ruminants, portée par les prix élevés du lait et de la viande

–1,5 % – Recul de la filière porcine, liée à la décapitalisation du cheptel

+1 % – Croissance globale des volailles, tirée par le poulet (+4%) et la dinde (+2,5%)

+3 à +4 % – Rebond de la production d’aliments biologiques après trois ans de baisse

Tendance générale : un secteur en adaptation continue aux réalités économiques, sanitaires et environnementales, qui appelle un cadre réglementaire européen stable, cohérent et incitatif pour accompagner les transitions.