Grâce à des fondamentaux robustes, la filière luzerne est armée pour résister à un marché conjoncturellement déprimé. Dans ce contexte moins favorable à sa compétitivité dans les assolements, une baisse des surfaces en luzerne est prévisible dans l’attente d’un retour de meilleures capacité de rémunération
Les surfaces de luzerne destinées à la déshydratation se sont établies à 68 0000 hectares en 2024, en augmentation de 1,5% par rapport à 2023. Toutefois, la production 2024 a reculé de 6,3% pour s’établir à 775 000 tonnes, pénalisée par des conditions très humides qui n’ont pas permis d’exploiter pleinement la ressource. En 2024, le marché a subi une érosion de 40% de la valeur de la luzerne s’établissant en fin d’année à 185€/t pour les pellets de luzerne (départ Marne) contre 305€/t un an auparavant. Les raisons en sont multiples : une abondance de produits fourragers (+28% de pousse de l’herbe selon Agreste), une protéine de soja très bon marché comme l’ensemble des matières premières agricoles, une chute des importations chinoises de luzernes américaines et un volume report de luzerne important en Espagne. « Nous ne désarmons pas nos ambitions commerciales et défendons nos parts de marché. Nous devons faire face en attendant le retour d'une situation plus normalisée » témoigne Pierre Bégoc, directeur général de Désialis qui met en marché 80 % de la luzerne déshydratée française.
𝗨𝗻𝗲 𝘀𝗼𝗹𝘂𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝗱𝗲́𝗰𝗮𝗿𝗯𝗼𝗻𝗲𝗿 𝗹’𝗲́𝗹𝗲𝘃𝗮𝗴𝗲 La filière luzerne n’en poursuit pas moins sa modernisation et s’adapte aux aspirations sociétales. Elle est en avance sur sa feuille de route de décarbonation avec une baisse record de près de 95% de ses émissions de CO2 fossile par tonne de produit déshydraté par rapport à 2005 explique Yann Martinet, Directeur de LCA-Luzerne de France. Par ailleurs, la mise à jour des références nationales pour les matières premières de l’alimentation animale française (Ecoalim) établit une empreinte carbone de la luzerne déshydratée de 0,26 kg équivalentCO2/kg de matière sèche. Une empreinte parmi les plus faibles du panier de matières premières riches en protéines. La luzerne compte ainsi s’imposer comme un puissant levier de décarbonation de l’alimentation animale. « Un atout que l’outil CAP’2er (IDELE) qui établit le bilan carbone des élevages, tarde à prendre en compte dans sa base de données » souligne Honoré Labanca, responsable de la R&D de LCA-Luzerne de France.
𝗗𝗲𝘀 𝗽𝗿𝗼𝗴𝗿𝗮𝗺𝗺𝗲𝘀 𝗼𝗽𝗲́𝗿𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻𝗻𝗲𝗹𝘀 𝗲𝘁 𝘂𝗻𝗲 𝗿𝗲𝗰𝗵𝗲𝗿𝗰𝗵𝗲 𝘀𝗼𝘂𝘁𝗲𝗻𝘂𝗲 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝗽𝗿𝗲́𝗽𝗮𝗿𝗲𝗿 𝗹’𝗮𝘃𝗲𝗻𝗶𝗿 Fortes de leur reconnaissance en organisation de producteurs fin 2023, les coopératives de luzerne vont mobiliser les fonds opérationnels pour soutenir leurs investissements, la promotion de leurs produits et la conquête de nouveaux marchés. Cela s’accompagne de programmes de recherche ambitieux visant à diversifier les débouchés de la luzerne au-delà de ses marchés historiques. Notamment, le programme multi-espèces IN-PVLSA, financé par FranceAgriMer, vise à valoriser les atouts de la luzerne sur les marchés équins et porcins. Autre initiative : des essais sur les caprins, marché prometteur pour la filière, ont été menés avec l’INRAe et la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire. Clara Poëntis, chargée de mission R&D de LCA-Luzerne de France, indique que la luzerne permet dans ces essais une augmentation sensible de la quantité de fromage produite : 100 grammes par jour et par chèvre.
𝗟𝗮 𝗙𝗿𝗮𝗻𝗰𝗲, 𝗰𝗮𝗽𝗶𝘁𝗮𝗹𝗲 𝗺𝗼𝗻𝗱𝗶𝗮𝗹𝗲 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗹𝘂𝘇𝗲𝗿𝗻𝗲 Après la Chine, l’Argentine et les États-Unis, la France accueillera du 3 au 6 novembre 2025 le quatrième congrès mondial de la luzerne organisé par l’association des déshydrateurs européens (CIDE). L’occasion de valoriser l’excellence agronomique et industrielle de la filière européenne. De nombreuses contributions sont attendues de tous les continents sur les plans scientifiques, techniques et économiques. Une attention particulière sera portée aux jeunes professionnels du secteur qui formeront demain la nouvelle communauté internationale de la luzerne. Inscription ici « Le cycle bas que traverse notre secteur ne doit pas nous décourager. Les fondamentaux de la luzerne déshydratée française sont solides et constituent notre meilleure assurance pour un avenir durable » témoigne Olivier Morant, président de LCA–Luzerne de France.