100% bio, la coopérative d’Entrammes redonne du sens au travail quotidien de ses éleveurs-coopérateurs

Aventure collective
Comment se déroule la vie d'une coopérative agricole ? Exemple avec la coopérative Fromagerie d'Entrammes - bio du Maine à Entrammes en Mayenne.

Son succès est du à la forte implication de ses 40 éleveurs-coopérateurs autour d’un projet de territoire porteur de sens. « Ça a été pour nous un ressort encore plus puissant que la recherche de la plus-value », confie Charles Laurent, son président.
Mis à jour le 21/02/2022
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L’aventure commence en 2003 suite à une crise laitière qui fait plonger les cours. Une poignée d’éleveurs laitiers souhaite acquérir plus d’autonomie et s’affranchir des industriels. Le groupe commence par transformer lui-même une partie du lait de ses membres puis crée la Coopérative Lait Bio du Maine. En 2019 elle devient Fromagerie d'Entramme - Bio du Maine et commence à fabriquer ses propres fromages bio au lait cru. Pour son Président Charles Laurent, éleveur, « c’est l’esprit collectif autant que la pertinence de notre projet qui explique notre succès. » La cohésion de la coopérative s’est bâtie sur un projet partagé avec notamment l’élaboration commune d’un cahier des charges, encore plus contraignant que la réglementation bio, et la fabrication de fromages haut de gamme. Aujourd’hui la coopérative compte 37 adhérents très investis dans la vie de l’entreprise allant jusqu’à assurer eux-mêmes des animations sur les lieux de vente ce qui renforce l’adhésion et le sentiment d’appartenance à un projet collectif auquel chacun contribue. « Quand je travaille, je ne pense plus "produire du lait", je pense "fabriquer et vendre un fromage". Et ça n’a pas les mêmes implications au quotidien sur ma ferme ! Nous avons énormément appris au travers des problèmes que nous avons eu à gérer, des rencontres que nous avons faites. Les épreuves que nous avons traversé ont soudé le groupe. C’est une aventure humaine que nous vivons au quotidien », confie son président.

Quant à la gouvernance coopérative proprement dite elle s’exprime presque au quotidien puisque le bureau du conseil d’administration (5 éleveurs) se réunit une fois par semaine, le conseil d’administration (12 éleveurs) une fois par mois et l’ensemble des adhérents au moins 3 fois dans l’année. Les qualités d’un président pour Charles Laurent : « faire confiance, communiquer et ne jamais accepter de dévier de la stratégie décidée en assemblée générale »

Gérer les crises

En 2014, quelques éleveurs perdent confiance et acceptent de moins en moins les contraintes du cahier des charges (interdiction de l’ensilage et de l’enrubannage). « Ce changement de stratégie remettait en cause tout l’édifice donc la pérennité de l’entreprise » commente Charles Laurent. De fait, les adhérents ne s’y sont pas trompés qui ont rejeté cette proposition à 95% en assemblée générale. 5 adhérents ont donc dû quitter la coopérative « L’organisation coopérative est aussi précieuse pour gérer démocratiquement ce type de conflit. Je dirais même que nous sommes aujourd’hui peut-être encore plus soudés et motivés qu’hier ».

Préparer l’avenir

Une bonne gouvernance c’est aussi les moyens que se donne la coopérative pour assurer sa pérennité, l’une des dimensions fondamentales du modèle. Plusieurs services et outils sont ainsi proposés aux jeunes agriculteurs désirant rejoindre la coopérative. Notamment le tutorat avec un « ancien » qui fait partager son expérience, mais aussi des aides financières et techniques et un accompagnement pour le respect du cahier des charges. Mais le nerf de la guerre reste bien évidemment la création de valeur. « Il ne faut jamais oublier que le premier objectif d’une coopérative est de rémunérer au maximum le fruit du travail de ses adhérents ; et cela passe d’abord par des bons produits, des marchés, une bonne gestion » conclue Charles Laurent. « La gouvernance permet de prendre en toute transparence les décisions qui permettent de respecter cet engagement collectif ».

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