Sylvie Bouton, Directrice de la coopérative Madivial. Au combat pour défendre les produits de la Martinique

« Je ne suis pas du genre à me pousser du col, je ne revendique pas mon statut de femme dirigeante, mon combat c’est d’œuvrer à promouvoir les bons produits locaux et de convaincre mes compatriotes de les préférer aux produits d'importation » Tout est dit en une phrase pour résumer Sylvie Bouton, directrice de Madivial, la grande coopérative de Martinique qui regroupe 100 éleveurs-coopérateurs et 100 salariés, ce qui en fait l’une des 10 premières sociétés de l’île.
Mis à jour le 10/01/2023
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Une humilité que l’on perçoit tout au long de son parcours. La jeune Sylvie, première fille d’une fratrie de 5 (« j’étais la fille tant attendue de sa maman ») d’un père marin pêcheur et d’une mère assistante maternelle, passe un bac comptabilité puis obtient un BTS d’informatique. Très rapidement, en 1994, elle rejoint alors un groupe de 7 éleveurs de volailles, (l’association des aviculteurs du nord) qui à l’époque vendaient à un abattoir privé et avaient besoin d’une secrétaire-comptable. 2 ans après l’association se transforme en coopérative. Il y a alors 3 salariés.

De 3 à 100 salariés

Madivial, créée en 2014, est issue du regroupement de 4 coopératives de volailles (dont celle ou Sylvie a commencé), porcs, lait, lapin. Elle possède et exploite un abattoir de volaille et de lapins, un atelier de découpe et de charcuterie et un couvoir (pour faire éclore les poussins qui seront élevés par les coopérateurs). Le chiffre d’affaires est de 16 millions d’€ et les produits sous marque Madivial sont distribués à la Martinique. Ce regroupement a été voulu par les producteurs désireux de peser davantage vis-à-vis de la grande distribution et donc d’apporter plus de valeur aux adhérents de la coopérative. Mais, quand les administrateurs de la coopérative cherchent un directeur pour animer la structure, Sylvie ne se propose pas : « Je n’ai pas pensé que c’était pour moi, je ne croyais pas être au niveau » confie t-elle en riant ! « Et puis ce sont eux qui se sont rendus compte que, finalement, la solution était déjà là en interne, qu’après tout j‘avais déjà fait mes preuves ». De fait, les administrateurs connaissaient ses qualités de gestionnaire, sa connaissance des métiers et sa rigueur, une vertu indispensable dans la coopération : « une coopérative c’est avant tout des règles de vivre ensemble ; il faut respecter ses engagements, payer ses dettes, participer, …. Pas question d’y déroger sous peine de fragiliser l’ensemble de la structure et de porter atteinte au bien commun en quelque sorte ». Une mission que cette femme de tête exerce avec détermination et une grande convivialité. Cavalière passionnée, chef de chœur d’une chorale d’église, mère de deux filles, elle a plus d’une corde à son arc. Et le côté féministe dans tout cela ? « Je ne suis pas militante de la cause des femmes ; il y a une association des femmes en responsabilité sur l’île que je fréquente parfois mais peu. Pour moi ce n’est pas un sujet ». Oui, parce que son sujet c‘est ce combat de meilleure valorisation des bons produits de la Martinique. Qu’elle incarne avec brio.