Faciliter les conversions au bio grâce au partage d'expériences

Accompagner les conversions au bio
On ne passe pas de l’agriculture conventionnelle à l’agriculture biologique du jour au lendemain. Pour chaque production, un cahier des charges stricte est appliqué et une durée minimale de conversion des terres est imposée. Cette période permet d’enclencher les changements des cycles de vie des animaux, des plantes et des organismes qui vivent sur et dans le sol. La conversion des terres agricoles sert aussi à épurer les sols d’éventuels anciens résidus chimiques. Elle permet à l’agriculteur de commencer à se familiariser avec les méthodes du mode de production biologique, d’adapter ses outils de travail et de trouver de nouveaux débouchés pour ses produits. Vaste programme durant lequel il faut en quelque sorte réapprendre son métier où au moins changer profondément ses habitudes. D’où un besoin important de conseil et d’accompagnement.
Mis à jour le 16/03/2022
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Comment les coopératives accompagnent-elles les conversions à l'agriculture biologique ? 

Au sein de la coopérative Axereal par exemple, qui accompagne le bio depuis 28 ans, 6 techniciens spécialisés sont dédiés à plein temps à ces productions. Ils conseillent au quotidien 1200 agriculteurs de la région Centre et de départements voisins en conversion ou déjà certifiés bio en productions de céréales, de légumes et de viande. Les techniciens proposent des diagnostics personnalisés des exploitations pour les aider à construire leur feuille de route vers le « Graal » de la certification bio, le label, et continuent de les accompagner après. Réglementation, techniques agronomiques, conseils sur le stockage et le transport,…nombreux sont les domaines de compétence qu’il faut mobiliser pour accompagner les coopérateurs dans leur conversion vers une agriculture biologique.

Fidèle à son objet même la coopérative apporte aussi des conseils commerciaux ; « à quoi bon produire du sarrasin bio par exemple qui ne trouverait pas de clients ! » explique Valérie Lescaud responsable bio chez Axereal. La coopérative, forte de ses outils de transformation (meunerie, alimentation animale) et de sa connaissance des marchés et des circuits de distribution est à même d’identifier les opportunités puis d’organiser et de répartir en concertation avec eux les productions des coopérateurs pour que chaque production trouve une juste rémunération.

Des parrains pour coacher les nouveaux exploitants bio

Chez Sodiaal, coopérative laitière dont les éleveurs-coopérateurs sont présents dans la plupart des régions françaises, le bio est devenu au fil des ans l’une des priorités. La demande en lait bio ne cesse en effet d’augmenter et la France doit aujourd’hui en importer, d’Europe ou d’ailleurs. Proposer aux consommateurs du lait certifié bio provenant d’élevages français, apporter une meilleure rémunération du lait à ses coopérateurs, maintenir de la vie dans les territoires,…la coopérative est à 100 % dans son rôle d’entreprise citoyenne. Et elle y met les moyens. « Nous accompagnons nos éleveurs-coopérateurs au quotidien ».

Dans chacune de ses 8 régions la coopérative organise des réunions d’information chez des producteurs bio certifiés, apporte l’aide technique et règlementaire nécessaire en lien avec les organismes de conseil locaux, apporte régulièrement de l’information bio dans le magazine adhérents « Le Relait » ainsi que sur l’espace producteur Sodiaal. La coopérative joue à fond son rôle d’animateur et de solidarité en allant jusqu’à proposer aux candidats à la conversion des parrains parmi ses adhérents qui ont déjà sauté le pas. Histoire de leur éviter de faire des erreurs de jeunesse. Une prime à la conversion de 30 à 50 €/1000 litres est versée pendant toute la conversion (qui dure de 18 à 24 mois en élevage laitier). Pendant cette période, le lait n’est pas encore agréé bio, et n'est donc pas payé au prix du bio alors que les coûts de production plus élevés, eux, sont bien là.

Autre organisation à la Cavac, une coopérative de Vendée précurseur en agriculture biologique qu’elle soutient depuis 1986 ! En blé et maïs bio d'abord et, depuis les début des années 2000, en légumes secs (haricots, mogettes, lentilles, pois chiches bio) dont elle est devenu un producteur de référence, répondant ainsi à la demande. Plus récemment la coopérative a acquis les sociétés Bioporc et Biofournil, des outils de transformation qui lui permettent de proposer au consommateur un produit dont elle maîtrise toute la chaîne de fabrication, du champ au rayon du supermarché. Comme les adhérents de la coopérative sont aussi bien des éleveurs que des producteurs de grandes cultures biologiques, les céréales et les protéines végétales bio consommées par les animaux d'élevages bio proviennent du même territoire et sont parfaitement tracées. Comme ses consœurs coopératives, la Cavac a spécialisé des techniciens bio en productions animales et végétales. Tous les ans elle organise son « Rallye bio » qui réunit plusieurs centaines d'agriculteurs pour des ateliers d’échanges et des visites d’exploitations.

groupe d'agriculteurs

Assurer les débouchés sur une longue période est une autre manière de sécuriser les candidats à la conversion au bio. La coopérative bretonne Le Gouessant par exemple propose à ses éleveurs de porcs bio un contrat d’achat sur une durée de 10 ans.

Terre Ovine développe fortement la production d’agneau bio des Pyrénées. Rayonnant sur les départements du Gers, de l’Aude, de l’Ariège, des Hautes Pyrénées et de la Haute Garonne, elle a été à l’initiative du label « agneau des Pyrénées bio » et développe une marque commerciale L’ovibio pour que le consommateur puisse mieux identifier le produit. « Nous sommes passés de 15 à 50 éleveurs bio en 3 ans » explique Fabienne Gilot de Val de Gacogne la coopérative mère de Terre Ovine ; « sans la coopérative rien n’aurait pu aller aussi vite ».

Vidéo prise sur l'élevage bio d'un coopérateur lors du #CoopTour de la Semaine de la coopération 2018

En viticulture de nombreuses coopératives accompagnent également le développement du bio. Ainsi les viticulteurs-coopérateurs des caves de Rauzan cultivent aujourd’hui 200 ha de vigne en bio et le rythme de progression est de 20 ha par an. La coopérative soutient les coopérateurs avec une prime de 500 €/hectare pendant la période de conversion. 

 

Toutes ces actions participent au développement des cultures bio, de l'élevage bio, de la viticulture bio, du maraîchage bio... bref, les coopératives sont des moteurs du monde bio !